Deux chercheurs canadiens de l’Université de Sherbrooke ont publié Mon frère est complotiste : comment rétablir le lien et le dialogue social. Ils veulent outiller des familles déchirées par le fléau conspirationniste.
David Morin et Marie-Eve Carignan travaillent en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Observant l’ampleur du phénomène complotiste -une personne sur deux aurait un proche concerné au Canada- ils ont décidé d’étudier ce sujet afin de le rendre accessible. En effet, un flou règne autour du conspirationnisme et des mythes qui y sont associés. Sur cette notion, les auteurs précisent : « le complotisme est à la base une idéologie que l’on retrouve dans à peu près toutes les formes d’extrémisme. Tous les conspirationnistes ne sont pas forcément extrémistes, mais la grande majorité des extrémistes est conspirationniste. Là où ça devient inquiétant, c’est quand le complotisme est en train tranquillement d’intégrer l’espace public et qu’il commence à être un discours banalisé ». Les auteurs s’inquiètent également de la récupération du complotisme sur la droite de l’échiquier politique. Pour autant, ils rappellent avec insistance que : ce phénomène touche à peu près toutes les stratégies socio-économiques et que les opposants aux mesures sanitaires ne sont pas tous conspirationnistes bien qu’ils aient été souvent amalgamés aux vrais complotistes qui occupent le devant de la scène médiatique ou numérique. Pour ces auteurs, l’impératif est d’arriver à restaurer du dialogue social pour éviter une polarisation au sein des familles puis des sociétés. (Source : La Tribune, 30.10.2022)