« Plus nous en apprenons sur les conspirations, les individus qui les conçoivent, les propagent et y croient, mieux nous les comprendrons, et plus nous réussirons à les contrecarrer ». Au Canada, plusieurs chercheurs ont ainsi tenté d’analyser le phénomène.
Des théories du complot qui gagnent du terrain au sein de la société canadienne alimentent des inquiétudes quant à la propension des individus à croire en des concepts irrationnels. Selon les recherches du psychiatre Thomas Verny, les personnes les plus susceptibles de croire à ces théories traversent des périodes d’incertitude économique et ont des besoins psychologiques d’appartenance sociale, de certitude et de sécurité non satisfaits. Elles sont enclines à percevoir un danger constant dans leur environnement, à se méfier des autres, surtout s’ils ne partagent pas leur appartenance raciale. Les adeptes des théories du complot ont tendance à projeter leurs propres échecs ou peurs sur autrui et peuvent être décrits comme instables, émotionnellement volatiles, manipulateurs et égocentriques. Ces conclusions sont soutenues par les recherches menées par Joshua Hart et Molly Graether, de l’Union College à Schenectady, dans l’État de New York, qui ont lié la schizothymie, un trait de personnalité défini par l’excentricité et la méfiance envers les autres, à la croyance aux théories du complot.
Selon l’enquêteur principal David Romer, « les théories du complot donnent aux gens l’impression d’avoir un contrôle sur le monde, elles peuvent être psychologiquement rassurantes, surtout en période d’incertitude ».
Ces croyances sont comme des virus ou des bactéries qui ne peuvent nous nuire que lorsque notre immunité est compromise. Et, comme pour notre santé, nous pouvons trouver comment nous protéger de la propagation des théories du complot.
Des recherches menées à l’Université de Pennsylvanie suggèrent que près d’un tiers des adultes américains pensent que le coronavirus est une arme biologique créée par le gouvernement chinois. Cette observation met en lumière l’importance de la compréhension des mécanismes psychologiques sous-jacents à la propagation des théories du complot.
Pour lutter contre leur propagation, tous s’accordent à dire qu’il faut « une réponse coordonnée à plusieurs niveaux, notamment législatif, social, économique, éducatif et personnel ».
(Source : The Globe and Mail, 03.05.2024)