Le retour des « zombies » à l’approche des élections

À l’approche de l’élection présidentielle américaine, d’anciennes théories du complot ressurgissent dans ce pays très polarisé, malgré leur réfutation maintes fois répétée. Et ces fausses informations recyclées, que les observateurs appellent les « zombies », pourraient influencer les électeurs le 5 novembre prochain.

La désinformation se propage largement sur les réseaux sociaux où la modération est limitée d’une part au nom de la liberté d’expression prônée par des personnalités telles que Elon Musk, patron de X (anciennement Twitter), mais aussi par souci de réduction des coûts.

Mike Rothschild, spécialiste des théories du complot, explique que ces affirmations trompeuses, constamment répétées, finissent par devenir paroles d’évangile pour ceux qui y croient. Les mêmes clichés sont recyclés à l’infini, attirant toujours un certain type de personnes.

L’immigration, vaste sujet de campagne, demeure un vivier fertile en désinformation, notamment avec le record d’arrivées aux États-Unis depuis la frontière mexicaine. Certains, comme Elon Musk, affirment que les démocrates recrutent ces migrants pour gagner l’élection, malgré le fait que les immigrés n’ont pas accès immédiat à la citoyenneté et donc au droit de vote.

Les théories du complot concernant les vaccins ressurgissent également, alimentant la méfiance quant à leur sécurité et leur efficacité, malgré les démentis des scientifiques. Robert Kennedy Junior propage depuis des années des allégations anti-vaccins. Et il gagne en popularité, surtout depuis la pandémie de Covid-19.

« La méfiance envers les institutions favorise la propagation de ces fausses informations » constatent les analystes. Comme le « pizzagate », théorie du complot qui associe une pizzeria de Washington à un réseau de trafic sexuel d’enfants impliquant des démocrates, malgré son démenti depuis 2016. Cette théorie a évolué en un mouvement complotiste connu sous le nom de QAnon, relayé par des personnalités comme Elon Musk.

Les « zombies » exploitent les peurs profondes et sont souvent plus puissants que leurs démentis, car ces derniers émanent d’autorités considérées par les conspirationnistes comme faisant partie d’un système corrompu.

Les propagateurs de fausses informations ont souvent des motivations politiques mais aussi financières, profitant du système de revenus publicitaires pour stimuler la participation des internautes. Et ça marche, car les internautes sont enclins à suivre les comptes qui renforcent leurs croyances, c’est ce qu’on appelle « le biais de confirmation ». 

(Source : Le Journal de Montréal, 24.04.2024)

  • Auteur : Unadfi