Il avait promis l’apocalypse et une mine d’or

En 1972, John Robert Stevens, prédicateur mystique de l’Iowa, affirmait à ses disciples qu’il avait voyagé dans le temps. L’apocalypse arrivait, disait-il. Et seule sa communauté survivrait. Cinquante ans plus tard, les cicatrices de la Living Word Fellowship (Communauté de la Parole Vivante) hantent encore ses anciens membres.

Le 12 décembre 1972, à South Gate, en Californie, un homme en costume sombre se lève devant une congrégation et ses propos font l’effet d’une bombe : « J’ai voyagé sept ans dans le futur », annonce John Robert Stevens. Ce fermier de l’Iowa, devenu prophète New Age, décrit l’apocalypse imminente en 1979, la destruction des autoroutes, la famine… Et la renaissance d’un royaume de Dieu qui sera bâti par ses fidèles. Il promet aussi richesse et prospérité grâce à une mine d’or qui se trouverait dans le Nevada… Et qui devra être financée par les dîmes de ses disciples. Mais, derrière les prophéties, l’histoire de la Living Word Fellowship allait surtout se transformer en cauchemar.

John Robert Stevens, surnommé « Papa John », affirmait que ses prières avaient causé la mort des Kennedy. Il accusa sa propre femme d’être une créature démoniaque et demanda à ses adeptes de prier pour sa mort. Des soupçons d’infidélité et de désobéissance ont donné lieu à de véritables procès en sorcellerie. Pourtant, ses fidèles ont continué à bâtir son rêve, Shiloh, un immense complexe rural dans l’Iowa, financé par les « Entreprises du Royaume » et le travail bénévole de ses adeptes.

Quand John Robert Stevens mourut en 1983, loin de ressusciter comme il l’avait promis, il laissa ses fidèles déboussolés. Mais pas sa veuve Marilyn ! Avec un dénommé Gary Hargrave, ils transformèrent la communauté en machine à cash, à grand renfort de mariages arrangés, d’écoles non reconnues, de régimes alimentaires imposés, de médecines alternatives ruineuses et parfois dangereuses. Dans les années 2000, le beau-fils de Marilyn, Rick Holbrook, a été accusé d’abus sexuels. Ces allégations ont provoqué la chute de l’organisation. D’anciens membres sont sortis du silence. Le complexe de Shiloh a été rasé et l’organisation dissoute, ses actifs étant répartis dans différentes structures. D’anciens membres ont créé un podcast « Oops ! Je suis dans une secte », menant des entretiens avec d’anciens membres et explorant les vérités cachées de cette organisation déguisée en église chrétienne.

Mais Gary Hargrave, lui, continue de prêcher un christianisme teinté de sionisme politique et d’islamophobie, sous la bannière Hargrave Ministries… 

(Source : Little Village, 30.09.2025)

  • Auteur : Unadfi