Des interrogations sur la relation soignant-soigné 

Cinq femmes accusent le magnétiseur Denis Vipret d’attouchements lors de séances de soins. Une plainte pénale a été déposée. Il conteste fermement les faits à caractère sexuel qui lui sont reprochés. Ses avocats rappellent qu’il bénéficie de la présomption d’innocence et que les soins sont un domaine sensible.

Cette affaire met en lumière la vulnérabilité des patients face à des thérapeutes exerçant seuls, souvent hors de tout cadre institutionnel ou déontologique strict. « Le risque de dérive est plus élevé quand il n’y a pas de supervision », alerte Alain Léo Pfammatter, de la Fondation PROFA.

Pour l’avocate Lorella Bertani, ces situations ne sont pas isolées et elles sont d’autant plus compliquées qu’il y a « une relation de dépendance entre le patient et le thérapeute ».

L’introduction en 2023 de l’article 193a dans le Code pénal suisse, qui cible les actes sexuels obtenus sous tromperie dans le domaine de la santé, montre une prise de conscience politique, selon la conseillère Léonore Porchet. L’avocate Clara Schneuwly abonde : « Le fait que les activités du domaine de la santé soient mentionnées spécifiquement dans la loi montre que le législateur a conscience que le lien entre soignant et soigné doit être questionné et que le premier est dans une certaine vulnérabilité ».

Mais les spécialistes pointent encore des zones de flou, notamment sur les pratiques concernées ou la clarté du consentement. Pour la chercheuse et sage-femme Patricia Perrenoud, il faut aller au-delà du droit : « Une meilleure application des bonnes pratiques aiderait les patientes à faire la différence entre un soin respectueux et un abus. Les professionnels devraient obtenir l’accord des patientes avant d’effectuer tout geste médical ».

Face au doute, les professionnels conseillent de consulter une structure spécialisée. Même sans geste déplacé, un abus, ou un flou éthique, peut briser la confiance dans le système de soins. 

(Source : 24 Heures, 07.07.2025)

  • Auteur : Unadfi