Editorial

Ceci est un extrait de l’éditorial du premier BULLES, le n° zéro, paru au printemps 1983, c’est à dire huit ans après la création des premières ADFI. Les conditions de rédaction et de parution de ce numéro relevaient de l’artisanat : articles tapés à la machine, ronéotypés, reliés manuellement, etc.
La situation a, en effet, bien évolué depuis la parution de ce premier numéro ; nous nous en réjouissons et les fondateurs de l’UNADFI et auteurs de cette première parution peuvent constater, vingt ans plus tard, que nous ne sommes plus tout à fait seuls à analyser ce phénomène de la société contemporaine et à soutenir notre objectif essentiel : l’aide aux victimes de sectes.

En effet, notre association n’est plus la seule source d’information sur le phénomène sectaire. Les médias s’en sont largement, depuis lors, fait l’écho. La société a pris conscience qu’elle était concernée. Les pouvoirs publics ont réagi : deux commissions d’enquêtes parlementaires ont rassemblé tous les courants politiques représentés au Parlement, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS) a été créée. La loi About-Picard a également été votée en juin 2001 à l’unanimité du Sénat et de l’Assemblée Nationale, donnant une nouvelle définition pénale de la « mise en état de sujétion ». Depuis, la MILS a été reconduite sous un nouveau sigle : Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES).

Pour revenir aux liens avec les médias, signalons que, à l’origine, les sources d’information étaient rares et la documentation de l’UNADFI était déjà largement mise à la disposition des journalistes. Très rapidement la télévision, la radio et la presse écrite ont fait appel aux bénévoles de l’UNADFI et des ADFI régionales. Il est vrai également que BULLES rend compte de nouveaux événements relatifs aux dérives sectaires à partir d’articles de presse et d’émissions de télévision ou de radio.

Bulles reste fidèle à la position adoptée dès le début, à savoir : toucher un public aussi large que possible et pour cela faire paraître des articles de niveaux très divers.

Pour célébrer ses vingt ans, BULLES a voulu marquer cet anniversaire par un numéro qui donne la parole à tous ceux qui font les ADFI aujourd’hui et dont certains sont des pionniers, toujours sur la brèche depuis la création des premiers ADFI. Leurs témoignages, avons-nous pensé, vont permettre à nos abonnés et lecteurs occasionnels de se faire une idée plus précise de l’action des bénévoles de nos associations et ainsi créer un certain rapprochement.

Enfin, pour revenir aux souhaits manifestés par les premiers rédacteurs de BULLES, nous osons espérer que nos abonnés d’aujourd’hui trouvent dans notre revue une source enrichissante d’information, de réflexion et d’analyse.

Editorial

Parmi les manifestations extrêmes de la mégalomanie, cette folie des grandeurs caractéristique de tous les « chefs », « leaders » ou « Führer » des sectes passées ou présentes, certaines atteignent des sommets – avant la chute parfois, hélas, dévastatrice, non seulement pour le mégalomane et ses adeptes, mais pour beaucoup d’autres. La puissance absolue sur les hommes et sur le monde est toujours le phantasme suprême.

Moon et ses projets de constructions pharaoniques, Raël et son rêve de clonage, sont des exemples de cette mégalomanie contemporaine.

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Editorial

Au cours de l’été 2002, la presse quotidienne nous apprenait qu’aux USA un gamin de douze ans entrait dans son collège porteur d’une arme. La direction de l’école s’y est opposée. Ce garçon, soutenu par ses parents, membres de la secte POUM (sic), d’inspiration indienne, dirigée par le Révérend…, insista pour continuer, en arguant d’une obligation dans sa religion. L’affaire fut déférée à la justice, et celle-ci donna satisfaction au porteur d’arme, dans un contexte où, par surcroît personne ne peut plus ignorer le drame de Columbine, notamment depuis le film (Bowling for Columbine).
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Éditorial

La période estivale (2002) a connu quelques faits marquants : des décisions de justice qui démontrent la difficulté qu’ont encore certaines instances à saisir la dangerosité sectaire, dans le même temps où une micro-secte de l’Ouest de la France était le théâtre d’événements dramatiques que la presse, dans son ensemble, analysait avec beaucoup d’objectivité et une profonde humanité.

Le milieu médical profondément choqué par une décision d’un tribunal administratif, dont la logique reviendrait à priver de mère un enfant nouveau-né, a réagi et a clairement manifesté son émotion renforçant ainsi la légitimité de l’analyse que nous menons dans nos associations depuis plusieurs décennies.

Le soutien et l’accompagnement des victimes que nous avons assurés lors des drames de ce mois d’août montrent que notre action sur le terrain est plus que jamais nécessaire et utile.

La sensibilisation immédiate des Autorités dans le Gard et l’Hérault aux risques de récupérations sectaires à l’occasion des inondations de septembre a permis de prévenir efficacement les infiltrations qu’avaient connues Toulouse lors de l’explosion de l’usine AZF et l’Aude lors des inondations d’il y a quelques années.

Tout cela a fait passer au second plan les changements que l’U.N.A.D.F.I. a connus cet été : élection d’un nouveau Bureau composé de sept membres issus des ADFI du Nord, de l’Ouest et du Sud de la France et surtout le renforcement du Service de Documentation structuré autour de pôles d’intérêts, qui permettra de renforcer la synergie des diverses ADFI ainsi que l’action de l’Union Nationale.

Les modifications attendues par l’ensemble des A.D.F.I. au niveau d’une meilleure lisibilité des structures et de leur fonctionnement sont en cours de réalisation. Ce n’est pas le lieu, ici, d’aborder ces changements, mais ils sont le signe d’une nouvelle impulsion et d’un renforcement de l’action que nous menons.

Notre détermination à continuer d’aider les victimes de sectes et à prévenir de la dangerosité des groupes sectaires s’inscrit dans la continuité de l’action menée.

Éditorial

Le 13 avril à l’Hôtel de Ville de Soissons, Alain Vivien a remis la Légion d’honneur au Père Jacques Trouslard, en reconnaissance d’une vie de combat pour les Droits de l’Homme. Dans une réponse toute épicée de l’humour que nous lui connaissons et qui ne se laisse jamais aller à l’ironie, le récipiendaire a tenu à souligner qu’il « n’y était pour rien »… Rien ? Une vie de résistant lors de la deuxième guerre mondiale, et de lutte contre les comportements des sectes durant ces vingt dernières années.

C’est par hasard, a-t-il dit, qu’il a été lancé dans cette aventure, à partir d’une lettre reçue par son évêque, et à laquelle celui-ci lui demandait de répondre. Le Père Trouslard rappela alors son enquête exhaustive sur la secte pseudo-catholique de Saint Erme, ce qui était particulièrement délicat puisqu’au premier abord il devait s’en prendre, en l’occurrence, à sa propre église. Il comprit sur le vif ce qu’était la manipulation mentale par laquelle un prêtre égaré avait dévoyé plusieurs centaines de personnes de haute culture et sincères dans leur recherche de spiritualité. Plusieurs anciens adeptes étaient présents, toujours reconnaissants d’avoir pu se rétablir sur tous les plans.

Parmi tous les remerciements formulés avec une rare élégance, ce fut l’occasion pour le Père Trouslard d’insister tout particulièrement sur le fait que sa décoration était aussi celle des anciens adeptes qui, ayant pris pleinement conscience de la tromperie, ont eu le courage insigne de témoigner, conscients de ce que personne ne pouvait avoir plus d’efficience qu’eux-mêmes dans le dur travail de prévention.

Oui, nous tenons à redire, à la suite du Père Trouslard, la dette que les associations de défense, les organismes publics, la société enfin dans son ensemble ont contractée vis-à-vis de personnes que leur rupture avec la secte laissaient complètement démunies, et mettaient dans bien des cas littéralement « à la rue ». Ces personnes-là ont eu le formidable ressort de dire leur part de vérité, et de porter plainte. C’est à eux pour l’essentiel que l’on doit l’évolution des esprits, et au premier chef de la magistrature. On peut en suivre les étapes à travers les nombreux procès que les sectes ont intentés au nouveau chevalier, qui n’a pas manqué de dire au passage sa reconnaissance aux avocats qui l’ont défendu gratuitement, et à la Presse qui a diffusé les témoignages au prix, elle aussi, des procès visant à la museler.

Une grande leçon se dégage là, destinée à tous : que chacun, méditant sur la droiture de l’esprit, joue son rôle, ni plus ni moins, là où la vie l’a placé.

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L’engrenage de la sorcellerie

L’ADFI reçoit plusieurs fois par semaine des appels de personnes qui se disent ensorcelées ou envoûtées, soit par un sorcier, un médium, un thérapeute, soit par les sectes dont elles s’imaginent « attaquées » du fait de leur trahison, ou qui pratiquent effectivement des rituels diaboliques (voir Bulles n° 70). Pour un psychologue clinicien, ces nombreux cas posent question.
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Editorial

L’UNADFI et un grand nombre de partenaires ont accueilli tout à fait favorablement le rapport annuel de la MIVILUDES.
Dès sa nomination, le président Roulet avait donné des orientations claires sur l’action qu’il comptait mener au nom du Premier Ministre.
La teneur de ce rapport est de nature à rassurer les victimes de sectes et leur famille qui sont le centre d’intérêt des préoccupations du Président, mais aussi les associations de défense qui y voient à nouveau un soutien et la reconnaissance de leur action.
Preuve en est que ce rapport dérange, les manifestations de quelques « agités du blog » ne se sont pas fait attendre. Toujours spécieux dans le propos, ils serinent des couplets à la limite de la diffamation tout en apportant leur soutien à des groupes portant atteinte à la dignité humaine et aux libertés.
Ce rapport met en lumière la nécessité première de protéger les mineurs de l’emprise des sectes. Victimes de leurs parents engagés dans ces mouvements, victimes des gourous qui les exploitent, ils sont les premiers à payer un lourd tribu à la secte qui les accueille.
L’année qui vient de s’écouler nous a conduits à nous porter partie civile dans des procès douloureux dont l’enfant était le centre, nié dans son intégrité, soumis à la maltraitance physique et psychologique et parfois conduit jusqu’à la mort.
Au-delà des pratiques éducatives douteuses voire néfastes pour l’enfant à l’intérieur d’un groupe, le rapport met en évidence les risques induits par les pratiques de soins et de guérison. Ils sont en recrudescence depuis cinq ans et touchent particulièrement des publics dont la vulnérabilité est avérée : malades du cancer, du sida, toxicomanes. Ce sont les nouvelles cibles de pseudo thérapeutes dont l’activité par le biais de médecines alternatives relève plus de l’exercice illégal de la médecine et de l’escroquerie que du soin.
Ces deux points du rapport nécessitent à eux seuls la mise en place d’outils de prévention. Il appartient donc à notre association d’accentuer son travail de recherche et de formation pour répondre à cette demande des pouvoirs publics.
Nous pouvons saluer la proposition de création d’une commission d’enquête parlementaire qui porterait pour titre : « L’influence des mouvements à caractère sectaire ; les conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et morale des mineurs ».
Elle contribuerait à sensibiliser l’opinion publique à la fois sur les dangers que font courir les sectes aux mineurs et sur les techniques frauduleuses dont elles se servent pour arriver à leur fin

EDITORIAL

Que Bulles consacre un numéro entier à la Scientologie ne peut étonner nos lecteurs. N’est-ce pas la secte qui donne lieu dans les médias au plus grand nombre d’articles, de comptes-rendus, d’ouvrages, de témoignages ? Elle met tout en œuvre pour vanter ses bienfaits et s’imposer avec audace. Dernièrement, les déclarations de la star Tom Cruise en faveur de la Scientologie, à l’occasion d’interviews devant faire la promotion de films, ont largement contribué à la diffusion des thèses effarantes de cette organisation.
Paradoxalement on peut donc s’interroger sur l’intérêt que nous avons de consacrer de nouveaux articles à ce mouvement, pardon, à cette nouvelle « église » ! En fait la multiplication de ses actions aujourd’hui, habiles moyens de prosélytisme, ne font qu’accentuer un danger que nous dénonçons depuis longtemps. Qui ne souscrirait en effet aux déclarations de la Scientologie quand elle s ‘élève contre l’usage de la drogue en faisant signer des pétitions dans les banlieues et quand elle fait la promotion auprès des jeunes de la défense des droits de l’homme ? Mais au-delà de cette quête fébrile de nouveaux adeptes dissimulée derrière un affichage de bonnes intentions, nous dénonçons un danger plus important : c’est celui que Paul Ariès a étudié dans un ouvrage percutant, paru en 1999, mais toujours d’actualité : La Scientologie, une secte contre la République. A la parution de ce livre, Bulles, dans trois numéros (n° 63,65,66) avait d’ailleurs publié de longs articles de Paul Ariès lui-même reprenant le contenu son l’ouvrage ; le chercheur démontrait magistralement, en s’appuyant sur les textes mêmes de l’organisation, que le gourou fondateur avait inventé des méthodes très éloignées de la démocratie. Paul Ariès intitulait ses chapitres : La Scientologie contre la Liberté, la Scientologie contre l’Egalité, la Scientologie contre la Fraternité.
Ce numéro a pour objectif de présenter les aspects dangereux, pour l’individu et pour la société, de la Dianétique et de la Scientologie à travers leur histoire et leur évolution. Si la secte en effet se contentait de conditionner ses propres adeptes, devenus « des esclaves heureux » , nous ne nous lasserions pas, bien sûr, puisque c’est notre premier rôle, de venir en aide à ces victimes et à leurs familles. Mais devant l’objectif de la secte d’appliquer son idéologie à la société entière, nous nous devons, avec l’aide des pouvoirs publics, de redoubler de vigilance.
Cette attitude, nous l’exerçons d’ailleurs non seulement vis à vis de la Scientologie mais vis à vis de toute entreprise sectaire manifestant une semblable volonté hégémonique et de déshumanisation.

Editorial

La commission d’enquête «relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs » va rendre ses conclusions en décembre après cinq mois d’auditions et d’études.

Alerté par des procès dramatiques, des témoignages alarmants, des rapports instructifs sur la situation des enfants dans les sectes, le groupe de travail parlementaire a pris ses responsabilités faisant fi des pressions exercées de toute part, et nous l’en remercions.
Le sort des enfants mineurs reste toujours au cœur de la problématique sectaire. Force est de constater que ceux qui attentent à leur dignité échappent encore trop souvent aux sanctions. C’est donc bien de protection dont ont besoin ces enfants, à la fois sous la coupe de parents qui ont déterminé pour eux un choix d’appartenance à une secte, mais aussi sous l’influence du gourou, régissant le groupe dont ils font partie.

Au-delà de l’aspect purement juridique (le mineur est l’individu qui n’a pas encore 18 ans), on considérera que le terme mineur désigne un enfant ou un adolescent qui se singularise par sa fragilité physique et psychologique, ainsi que par son incapacité à subvenir seul à ses besoins élémentaires. S’il reste dépendant de sa famille, il a aussi besoin de la société en général pour être protégé, se construire en tant qu’homme, adulte et citoyen. La loi doit le protéger.

L’enfant est considéré comme une personne à part entière, un être en construction dont on reconnaît qu’il a des droits propres. Cela est confirmé par l’article 18 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Il y est mentionné notamment : le droit à un nom, à une filiation, à l’éducation, le droit à la liberté de mouvement de pensée et de religion et à la sécurité, l’interdiction de tout traitement inhumain ou dégradant, le droit d’être entendu équitablement par un tribunal indépendant et impartial, le droit à la vie privée et familiale.

Les principes constitutionnels et le cadre législatif, ne suffisent pas à protéger le mineur de l’influence néfaste, tant morale que physique, des doctrines sectaires et de ceux qui les mettent en oeuvre.

Les mineurs sont les proies désignées des mouvements sectaires qui à l’escroquerie spirituelle ajoutent le cynisme de l’escroquerie financière. Les secteurs de vulnérabilité sont facilement repérables : aide à l’enfance, soutien scolaire, activités extra-scolaires et artistiques…Les sectes infiltrent les services et distillent leurs doctrines.

Elles fédèrent leurs efforts, mutualisent leurs moyens et créent des associations de défense pour se protéger des institutions démocratiques qui les empêchent de prospérer en rond. Ceci dans une confusion des débats sur les droits spécifiques des communautés, où la défense du droit à la différence amène rapidement à la différence des droits.

Cette conception n’intègre pas les années de construction républicaine pour protéger le citoyen, des marchands d’espoir qui portent atteinte à l’ordre public et aux libertés garanties par la République.

Catherine Picard

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Témoignage d’un ex-adepte de l’Eglise mormone

A l’occasion du projet de construction, en France, d’un temple de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (les mormons), nous avons reçu ce témoignage d’une femme qui a quitté cette église depuis quelques années. Ce long texte paraîtra en deux parties. La première partie relate l’entrée et la vie dans l’église.
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