Editorial

Vive la laïcité à la française !

Au cours de l’été 2002, la presse quotidienne nous apprenait qu’aux USA un gamin de douze ans entrait dans son collège porteur d’une arme. La direction de l’école s’y est opposée. Ce garçon, soutenu par ses parents, membres de la secte POUM (sic), d’inspiration indienne, dirigée par le Révérend…, insista pour continuer, en arguant d’une obligation dans sa religion. L’affaire fut déférée à la justice, et celle-ci donna satisfaction au porteur d’arme, dans un contexte où, par surcroît personne ne peut plus ignorer le drame de Columbine, notamment depuis le film (Bowling for Columbine).


Serait-ce avoir l’esprit mal tourné que de se demander quelle sera l’argumentation des juges Outre-Atlantique lorsque des criminels associés en puissants réseaux internationaux ne manqueront pas d’invoquer des impératifs religieux pour tenter de justifier leurs actions terroristes ?

On touche là à des incohérences qui font apprécier à sa juste valeur la laïcité à la française, grâce à laquelle l’Etat :

– s’interdit d’interférer dans les questions de croyances religieuses, tant que celles-ci ne contreviennent pas à l’ordre et à la sécurité publics,
– juge les délits indépendamment de toutes références à caractères religieux, ceci en vertu de l’égalité des citoyens devant la loi,
– s’autorise au nom de la prévention à examiner et à réprimer si nécessaire toutes les incitations et les complicités en vue d’actions délictueuses ou criminelles.

Cet esprit de prévention marque un progrès vers l’Etat de droit, et il serait, selon nous, très souhaitable que de nombreux pays étrangers s’en inspirent au lieu de ne réserver de sanctions qu’à des actes accomplis. On en est bien loin lorsqu’un Etat s’arroge le droit d’inspecter et de juger des libertés religieuses dans tous les pays autres que lui-même, et de sanctionner éventuellement des contrevenants ainsi jugés.

[ Voir les Faits et Nouvelles page 29 de ce numéro mais aussi Bulles n°63 page 22 ]