Quelle place pour les athées dans le débat actuel ?

Depuis les attaques qui ont endeuillé la France, les questions religieuses et la laïcité occupent le devant de la scène dans les débats. André Comte-Sponville, philosophe, s’interroge sur la place des athées dans ce débat.


Le philosophe rappelle qu’être athée c’est avant tout « être convaincu que Dieu n’existe pas », que l’athéisme n’est ni une philosophie ni une religion. Les athées n’ont pas à être d’accord entre eux contrairement aux religieux qui s’accordent sur leurs dogmes. Il rappelle également que l’athéisme et la laïcité sont deux notions totalement différentes. La République française, parce qu’elle est laïque, n’est pas athée. « La laïcité est un type d’organisation de la cité, de la société », elle interdit à l’État de prendre position en matière religieuse. Elle garantit le droit d’avoir une religion, de n’en avoir aucune ou d’en changer.

André Comte-Sponville pense que l’école devrait enseigner la philosophie plutôt que de dispenser « deux heures de cours mal bricolés de morale ou de fait religieux ». « Il faut donner aux enfants une formation intellectuelle » qui leur permette de « former leur propre jugement » et arrêter de « demander perpétuellement à l’école de régler les problèmes de la société ».

Pour le philosophe, il n’existe pas de « retour au religieux » mais plutôt « un retour à une spiritualité plus revendiquée, plus affirmée voire parfois plus spectaculaire ». Les évènements montrent que le débat porte moins sur la religion que sur la question de la liberté d’expression et du fanatisme qu’il faut combattre. La religion est une forme de spiritualité mais il existe une spiritualité sans Dieu et les athées n’ont pas moins d’esprit que les autres. Rien ne prouve que les valeurs humaines enseignées par les religions monothéistes « aient besoin d’un dieu pour subsister, mais tout prouve que nous avons besoin de ces valeurs pour subsister d’une façon qui nous paraisse humainement acceptable. »

(Source : FranceTv Info, 25.01.2015)