Une secte d’Etat active à Bruxelles

Scientologie

L’ouvrage d’Emmanuel Fansten : « Scientologie, autopsie d’une secte d’Etat », récemment paru s’attache à analyser les rapports que cette organisation entretient avec le pouvoir.


A Paris, sa « cible » est Nicolas Sarkozy et à Bruxelles, sa « cible » est « le cœur de l’Europe ».

Emmanuel Fansten rappelle que c’était lui qui avait demandé à Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, comment ce dernier « se positionnait par rapport à la laïcité et aux sectes. Et si cela ne lui posait pas de problème ». La réponse d’alors d’Emmanuelle Mignon « les sectes sont un non-problème » avait provoqué la surprise, d’autant qu’elle avait ajouté qu’à « défaut de démonstration de leur dangerosité », les scientologues pouvaient vivre « normalement, conformément au principe de la liberté de conscience ».

Rappelons que cette interview d’Emmanuel Fansten faisait suite à la rencontre du président Sarkozy avec l’acteur américain Tom Cruise qui passe pour être le numéro deux de la Scientologie. Par ailleurs, observe Emmanuel Fansten, Nicolas Sarkozy privilégie le vocable de « nouveaux mouvement religieux » à celui de secte.

Cette dualité entre laïcité et croyances teinte la politique de la France. Pour preuve : pas plus tard que le 14 octobre 2010 à l’Assemblée nationale, des députés ont déposé une proposition de loi visant à interdire au président de la République de recevoir… un titre religieux.

Car « héritage des rois de France », le chef de l’Etat français est en effet toujours récipiendaire en droit d’un tel titre. Fin 2007, Nicolas Sarkozy avait été installé « premier chanoine honoraire de l’archibasilique de Saint-Jean-de-Latran, siège de l’évêché de Rome dont le pape est l’évêque. Il y avait délivré le fameux « discours de Latran » où entre autres, il déclarait que « l’instituteur ne peut remplacer le curé »…

Pour Emmanuel Fansten, Nicolas Sarkozy « frottait la Scientologie dans le sens du poil » dès 2002. Non sans raisons. La France irritait la secte depuis des années et cela avait tendu les relations avec les Etats-Unis « où des dizaines de parlementaires prenaient ouvertement fait et cause » pour la Scientologie. Cette dernière fut proche du président Bill Clinton et son portrait trône « au bureau européen de la secte à Bruxelles ».

Bruxelles, précisément, est devenu « le nouveau point d’ancrage des héritiers de Ron Hubbard et « bien plus encore que Washington dans les années 1990, elle représente le centre opérationnel de la secte ». Elle y bénéficie de soutiens, notamment de l’extrême-droite. En avril 2008, on apprenait ainsi que Johan Demol, alors élu du Vlaams Belang au Parlement de Bruxelles, soutenait la Scientologie. Et en 2010, au moment de l’inauguration du nouveau siège européen du boulevard de Waterloo, c’était au député Hugo Coveliers, « satellisé » par le mouvement extrémiste flamand, « de discourir pour l’accueil des scientologues ».

Enfin rappelle Emmanuel Fansten, une association, « Church of Scientology for European Communities » a été spécialement créée pour faire du siège européen « un centre opérationnel destiné à irriguer tout le Vieux Continent ». Objectif : convertir « les gouvernements hostiles et les institutions européennes » à l’idéologie scientologue.

Source :www.levif.be, Roland Planchar, 26.11.2010