Un pasteur soupçonné de maltraitances sur enfants

Après plus d’une année d’enquête multisectorielle, la police de Québec a procédé à l’arrestation de Claude Guillot, 65 ans, pasteur baptiste de Shannon (près de Québec). Il est soupçonné d’avoir battu, maltraité et séquestré dans son sous-sol cinq jeunes garçons tous mineurs au moment des faits qui se sont produits de 1983 à 2014. Il fait face à 12 chefs d’accusation.

Privés de nourriture, rationnés en eau, isolés de tout contact extérieur, les enfants vivaient dans le sous-sol de la maison du pasteur. Ce dernier les menaçait en leur assenant que « Dieu les punirait » s’ils se risquaient à parler. Un des garçons aurait été forcé à rester debout pendant 41 jours face à un mur. Une autre victime aurait été frappée au visage et à l’abdomen dans le cadre de pratiques « disciplinaires ». L’un a été battu et séquestré durant 13 ans, un autre pendant 10 ans.

Toutes les victimes ont été confiées à Claude Guillot par leurs propres parents membres de son église baptiste de Québec-Est. Un ancien fidèle a raconté qu’enfant, ses parents le battaient sur l’ordre de Claude Guillot afin qu’il devienne un bon chrétien.
Selon la déclaration fiscale de l’église, Claude Guillot n’aurait perçu que 17 000 dollars de salaires pour 2014 alors que la même année, il faisait l’acquisition d’une somptueuse résidence à Shannon d’une valeur de 385 000 dollars.
 

D’anciennes victimes accusent la direction de l’association des églises baptistes évangéliques du Québec (AEBEQ) de n’avoir pas agi alors qu’elle était au courant. L’un d’elle reproche à ses dirigeants d’avoir imposé la « loi du silence » sur les agissements du pasteur qui n’a quitté l’organisation qu’en 2003. Pourtant, en 1984, Guillot avait été congédié de l’école baptiste dans laquelle il enseignait mais est resté dans le giron de l’association qui l’a formé pour être pasteur et nommé en 1990 à la tête de la nouvelle église de Québec-est.
 

L’AEBEQ a finalement reconnu avoir été informée du « possible » comportement sectaire, dictateur et violent de son ancien pasteur. Malgré cela, elle n’a jamais dénoncé la situation. Claude Guillot a comparu le 10 décembre 2015 devant le tribunal de Québec et a été remis en liberté dès le lendemain après s’être engagé à respecter plusieurs conditions.
 

Les conclusions des investigations devraient être connues au mois de mars 2016. Les enquêteurs pensent qu’il existe d’autres victimes et ont lancé un appel à témoin.

(Source : CBC News, 09.12.2015 & Le Journal de Montréal,10.12.2015 & Le Soleil, 11.10.2015)