Regrets tardifs

D’anciens adeptes du centre bouddhiste britannique Triratna sont revenus sur les pratiques sexuelles du fondateur de ce centre, Sangharakshita. Dans les années 1970-1980, ce dernier encourageait ses disciples masculins hétérosexuels à expérimenter avec lui l’homosexualité; il y voyait une forme de développement personnel. Mais certains d’entre eux ont déclaré y avoir été contraints.

Sangharakshita, de son vrai nom Dennis Philip Edward Lingwood, âgé aujourd’hui de 91 ans a exprimé ses profonds regrets et présenté ses excuses. En 2009 déjà, il avait admis ses « écarts » en déclarant : « Peut-être dans un très petit nombre de cas les jeunes hommes n’étaient pas aussi disposés que je l’avais supposé à l’époque – c’est possible. »

Ces aveux et ces déclarations ont suscité des réactions d’anciens membres sur les médias sociaux. L’un d’entre eux, Mark Dunlop, raconte avoir été persuadé par Lingwood de se livrer à une activité sexuelle avec lui lors d’une retraite dans les années 1970 : « Je lui ai dit que je détestais ça. Il a dit, eh bien, vous devez être persévérant, vous ne devez pas abandonner ».
Le centre Triratna se démène pour sauvegarder sa réputation, tant pour la communauté bouddhiste internationale que pour ses propres membres.

(Source : The Guardian, 19.02.2017)

À savoir

Dennis Philip Edward Lingwood, alias Sangharakshita, est né le 26 août 1925 à Londres. Il est le fondateur de la Communauté bouddhiste Triratna et de l’Ordre bouddhiste Triratna, respectivement connus jusqu’en 2010 sous les noms d’Amis de l’Ordre Bouddhiste Occidental (AOBO) et d’Ordre Bouddhiste Occidental.

Fragilisé par des problèmes cardiaques, il passe la plus grande partie de son enfance alité avec la lecture comme seule distraction. Sa première rencontre avec la pensée non-chrétienne fut la lecture d’Isis dévoilée d’Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la Société théosophique.
Appelé sous les drapeaux en 1943, Dennis Lingwood sert en Inde, au Sri Lanka (Ceylan), où il rejoint la Société bouddhiste. Créée par un autre théosophe, Christmas Humphreys, il s’agit d’une ramification de la Loge Théosophique de Ceylan.

Il déserte puis devient officiellement bouddhiste l’année suivante. « Alors qu’il était dans une grotte près de l’ashram de Ramana Maharshi », peut-on lire sur le site du Centre Triratna parisien, « celui qui n’était pas encore Sangharakshita eut une vision marquante du Bouddha Amitabha; il considéra cela comme une confirmation qu’il était maintenant temps pour lui de chercher l’ordination en tant que moine bouddhiste ».

En avril 1967, Sangharakshita retourne en Angleterre. N’étant satisfait ni par l’approche bouddhiste laïque de la Société bouddhiste, ni par l’approche monastique du Vihara de Hampstead – les deux principales organisations bouddhistes en Grande-Bretagne à cette époque -, il crée ce qu’il considère comme une nouvelle forme de bouddhisme, un ordre qui n’est ni séculier, ni monastique : les Amis de l’Ordre Bouddhiste Occidental (AOBO). L’Ordre bouddhiste Occidental fut fondé un an plus tard.

En 1997, Sangharakshita devient le centre d’une controverse quand le quotidien anglais The Guardian publie un article dénonçant les relations sexuelles qu’il avait eues dans les années 1970 et 1980 avec des membres de l’AOBO. Pendant la décennie suivante, il ne répondit pas aux questions cherchant à savoir s’il avait abusé de sa position de maître pour avoir des relations sexuelles avec de jeunes hommes. Il répondit plus tard, insistant sur le fait que ses partenaires sexuels étaient consentants ou semblaient l’être, et exprimant des regrets pour les erreurs possibles.

Sangharakshita s’est formellement retiré en 1995 de la gestion du mouvement et cesse de le diriger en 2000 tout en restant une figure dominante. Il vit aujourd’hui à Coddington, en Angleterre.

Aujourd’hui le centre Triratna possède 30 lieux de retraites au Royaume-Uni et dans 20 autres pays dont l’Australie, les États-Unis, l’Allemagne et le Mexique. En France, le centre bouddhiste Triratna de Paris est un lieu de pratique et d’enseignement.

(Sources : Wikipedia & site du centre Triratna de Paris)