Que sait-on de … ? La FRATERNITÉ BLANCHE UNIVERSELLE

La Fraternité Blanche Universelle (FBU) est listée dans le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale n° 2468 du 10 janvier 1996 comme un mouvement coercitif et totalitaire (secte). Depuis 1998 l’ADFI de Paris constate une augmentation des demandes d’informations et des témoignages. Il nous est donc apparu nécessaire de vous proposer une présentation synthétique et actualisée du mouvement.

L’histoire

En bref :

1938 – Création d’une communauté appelée École Divine à Sèvres (92) en un lieu baptisé Isgrev (en bulgare : lever du soleil)
1947 – Déclaration de l’association loi 1901 : Fraternité Blanche Universelle.
1978 – Création à Vaduz (Liechtenstein) de la Fondation Pobeda Ouspech Universelle dont l’objet serait le développement international (amorcé lors de voyages à l’étranger du fondateur dans la période 1950 – 1960).
1986 – Mort du fondateur en décembre, Claude Lamy le remplace.
1995 – Mort de Claude Lamy, Jacques Gouygou (professeur aujourd’hui en retraite) devient président.

Le fondateur et maître, Omraan Mikhaël Aivanhov (MA) est né en Macédoine en 1899 ; il se présente comme l’élève et le continuateur de Peter Deunov (1864 -1944) fondateur d’un mouvement spiritualiste dont la doctrine ésotéro-chrétienne s’inspirait d’un mouvement théosophique et élitiste Bulgare du 12° siècle : les Bogomils. Mikhaël Aivanhov prétend avoir été envoyé en France en 1938 par P. Deunov afin de permettre à son mouvement de survivre au travers de la période difficile qui s’annonçait (la 2° guerre mondiale).

La période 1939 – 1950 fut difficile pour  » l’envoyé « , le Cactus Varois (journal local) fait état de bonnes relations avec la Gestapo et le livre  » Sectes et mouvements initiatiques en Bretagne « 1 mentionne une condamnation pour une affaire de mœurs par la 12° chambre correctionnelle de Paris.

Ensuite, entre 1950 et 1960, M.A. voyagea beaucoup ; il aurait passé un an en Inde, vécu dans un temple zen au Japon et séjourné dans l’Himalaya (biographie FBU)

Selon la FBU :  » MA est un livre vivant et le disciple qui contemple une fois son aura est foudroyé par sa splendeur. Il sait pourquoi il aime, il est un être pur. En effet d’après lui : seuls les êtres d’exception parviennent à s’élever au-dessus des lois de la nature et des lois morales … Ils peuvent tout se permettre sans jamais commettre un crime ou un péché. « 

 » MA est le 19° grand maître de l’humanité succédant à Krishna, Bouddha, Zoroastre, Moïse, Jésus … Ces grands maîtres créent les civilisations, les religions et donnent les plus hautes impulsions à l’humanité. « 

Sans doute par la volonté de ses successeurs, MA reste, 14 ans après sa mort, l’emblème, la figure prophétique du mouvement :  » il a quitté la forme de sa dernière incarnation mais il est toujours au milieu de nous « . Les fidèles se référent toujours à MA et parlent peu des 2 présidents qui lui ont succédé.

 

La doctrine

La devise de la FBU est : Sagesse, Amour et Vérité. C’est une école initiatique qui propose un ésotérisme syncrétique dominé par 2 notions :
– un héliocentrisme christique : Le soleil représente un idéal de perfection (c’est l’or primordial) où vit le Christ. C’est le symbole de la religion universelle (celle proposée par la FBU). Le maître (MA) enseigne comment puiser des forces dans l’astre ;
– une croyance dans la réincarnation et dans la loi de causalité (le Karma) chère aux bouddhistes.

Elle se réfère également à l’Église ésotérique et mystique de St Jean. Elle se présente tantôt comme une philosophie tantôt comme une religion, elle est toujours exclusive et propose un universalisme spirituel. Elle se donne pour mission de préparer la nouvelle civilisation et même la nouvelle race qui doit entièrement transformer le monde d’ici la fin du siècle (il s’agit du XXème siècle, un peu de retard a été pris).

À ce projet spirituel M.A. ajoute une croyance dans des êtres supérieurs : les Agarthiens vivant au centre de la terre.

Rites et Pratiques

Les rites et pratiques découlent de la doctrine mais aussi définissent un style de vie qui éloigne les adeptes de leurs anciennes relations amicales et sociales. Les points clés sont :
– Le yoga du soleil. Le lever du soleil est le moment choisi pour sa contemplation et la méditation.
– Le yoga de nutrition. La viande est prohibée car cela nuit à l’équilibre psychique et au développement de la spiritualité. Le jeûne est conseillé. Dans les Centres Fraternels (lieu de séminaires et de week-ends) les repas sont frugaux et pris en silence. Le repas est un acte de communion, les fidèles mastiquent longuement chaque bouchée, en suivant le rythme du maître lorsqu’il était présent (un micro placé sur sa table transmettant le bruit de sa mastication). Avec un peu d’ironie un ex adepte rapporte:  » Au Bonfin, j’ai appris à me nourrir du parfum des fruits et des fleurs « .
– La place de la famille, l’amour spiritualisé, les enfants. La FBU privilégie la communauté des membres, ce que le maître appelle  » la Grande Famille « , elle seule est pérenne, par rapport à la petite famille qui ne dure que le temps d’une incarnation. Les sentiments amoureux pour son conjoint doivent être  » spiritualisés  » et la sexualité limitée à la nécessité de la procréation. Les enfants ont la chance de posséder un deuxième père : le Maître. Ils sont partiellement pris en charge par la communauté au détriment des parents biologiques. La discipline est plutôt rigoriste. Mais le Maître propose de valoriser le capital génétique des fœtus, en demandant aux parents et surtout à la mère d’avoir des sentiments et des comportements nobles lors de l’acte de procréation et pendant la grossesse. Les fœtus ainsi traités se transformeront en hommes de qualité ce qui permettra de réduire les coûts médicaux, les besoins en tribunaux et prisons ! Ce message (appelé Galvanoplastie spirituelle) est exploité par une Association Nationale pour l’Éducation Parentale (ANEP).
– Une certaine méfiance vis-à-vis de la médecine classique et de ses médicaments. Le principe d’amour serait la meilleure des médecines.

Organisation

Le mouvement serait présent dans 22 pays. Nous savons que, en dehors de France, il est actif en Belgique, en Suisse, au Canada.

En France il semble avoir retrouvé un certain équilibre et le nombre des fidèles serait de l’ordre de 2000. L’organisation reste décentralisée avec :
– 6 centres fraternels, dont 2 très importants à Sèvres (au lieu dit Isgrev ou la capacité d’accueil est de 400 personnes) et au Bonfin (Fréjus) où la capacité d’accueil est de 900 personnes.
– 32 sites locaux.

La gestion des biens immobiliers est assurée par la SCI le Belvédère. L’édition est prospère (livres du Maître, opuscule annuel de pensées quotidiennes, fascicules, témoignages …) et assurée par la SA Prosveta basée à Fréjus.

Une organisation parallèle (Ph. Mailhebiau)

Philippe Mailhebiau est le fondateur de la communauté toulousaine de Novia Jivot. Il tirait ses revenus d’une activité d’aromatologie grâce à la SARL Sunarom.

Il propose une spiritualité très voisine de celle de la FBU et a fait des conférences au profit de l’ANEP. Son épouse, Varchassa, aurait reçu en songe un message du défunt Aïvanhov désignant Ph Mailhebiau comme son successeur.

Lors d’une tournée en province, Ph Mailhebiau a effectivement essayé en 1988-1989 d’attirer à lui les organisations locales de la FBU. Il n’a pas réussi. Aujourd’hui, il serait hors de France.

Informations et Témoignages

Pour l’essentiel les informations et témoignages font état des craintes et problèmes suivants:
Effets néfastes sur le psychisme de certains adeptes:
– Au Bonfin en 1971 une jeune femme de 33 ans Madame T a été découverte pendue à un arbre. Également en 1971, dans les environs du Bonfin, Mademoiselle B. 22 ans a été retrouvée les yeux crevés, les pieds et les mains percés avec un piquet de tente ; hospitalisée à Marseille elle n’a pas recouvré la vue. Le Cactus Varois de Mars Avril 1996 émet 2 hypothèses : elle s’est crevée les yeux pour se punir et se rapprocher de Dieu ou elle a subi une tentative d’énucléation.
– R. est entré à la FBU en 1974, il avait alors 21 ans ; il s’est laissé écraser par une rame de métro en janvier 1978. Trois jours avant il avait écrit 2 lettres au Maître. Le matin de son suicide il s’était rendu au Centre Izgrev à Sèvres. Ses parents témoignent :  » Il a commencé a éprouver des premiers troubles psychiques 18 mois après ses premiers contacts avec la FBU. Il pensait que seule l’intervention du Maître pouvait améliorer son état. « 
– Lettre de Monsieur D (1995) :  » Notre fille et son mari sont à la FBU depuis 1982. Après des invitations, des appels, notre fille est venue nous voir en avril 94 lorsque le divorce (le sien) était effectivement prononcé. Nous avons eu de la peine à la reconnaître : un squelette, un regard apeuré, des formules toutes faites, un vide de l’esprit, peu de réactions. Fin juin son état mental avait empiré. Le 1er Août 1994, un mois après sa venue, elle s’est jetée du haut de sa terrasse sans aucun prétexte apparent, suivant les dires des gendarmes … « 
– Témoignage de M . (septembre 90 ) :  » N est entrée à la FBU à 23 ans. Les médecins et mes amis témoins de ce drame sont unanimes à dire que N. n’a pas supporté mentalement le conditionnement effectué par la FBU, pour des raisons personnelles sans doute. Elle est marquée pour la vie … elle continue d’ailleurs ses dévotions devant la photo de son Maître. « 

Le régime alimentaire peut conduire à des carences
– Bulles n°6 (1985) : La petite Marie a souffert de carences alimentaires pendant ses 2 premières années.
– Mr B. rendant visite à sa fille en 1997 est frappé par sa maigreur :  » Elle mange peu, vit dans une chambre décorée de fleurs, de bougies, et parfumée à l’encens. « 

La notion d’amour spiritualisé met en danger les couples
– (septembre 90). » Peut être, mais la vie du couple était de moins en moins poétique car N. très vite a fait chambre à part. Elle prétendait qu’il fallait transformer la sexualité en amour spirituel. J’avais beau lui expliquer que cela ne s’appliquait qu’aux pauvres disciples … « 

L’enseignement est directif
– Mme Mo.  » Lors de l’enseignement (au Bonfin) il n’était pas possible de poser des questions car on vous agressait sur votre ego, votre vanité spirituelle. « 
– Mr M.  » Je supportais mal les conférenciers se présentant comme infaillibles, au-dessus de tout, donnant des leçons. Je m’imaginais d’abord pouvoir y apporter la contradiction. Résultats, publiquement j’ai été traité de satanique. « 

Ce que nous en pensons

Ainsi la FBU d’aujourd’hui doit toujours être considérée comme une organisation dangereuse dont l’effet peut être désastreux sur certaines personnes.