Oasis d’Amour, une ONG dans le collimateur des autorités

Oasis d’Amour, une association humanitaire qui fournit de l’aide alimentaire et des prestations sociales aux démunis, fait l’objet d’une enquête. Des soupçons de prosélytisme actif pèsent sur cette structure bien connue de l’agglomération lyonnaise. Oasis d’Amour est également soupçonnée de détournement des produits de la défiscalisation dont elle bénéficie au titre de ses missions. Reconnue d’intérêt général et de bienfaisance depuis 2006, elle perçoit des subventions et bénéficie du soutien de grandes entreprises et de banques.

La Miviludes et la préfecture de Région ont été alertées en 2015 par les responsables locaux de trois autres ONG qui ont pointé une situation qu’ils jugent « invraisemblable » et qui « pollue régulièrement les actions » de leurs réseaux. Ils s’interrogent sur les véritables but de l’association : « Oasis d’Amour n’a-t-elle pas d’autre ambition que de convertir ses bénéficiaires et ses bénévoles ? »

C’est la proximité de sa présidente, Anne-Marie Vincent-Girod avec un mouvement évangélique, Abri-Vcf, qui a suscité les soupçons. Dans une vidéo de l’église évangélique, elle déclare que le projet de son association est de « recruter des âmes à Christ ». Alerté, le préfet de Région a informé le procureur de la République de Lyon.
Pour un ancien bénévole, la dimension prosélyte d’Oasis à travers sa présidente ne fait aucun doute : « Le dimanche, elle essayait par tous les moyens de me traîner à l’église et je me sentais puni si je n’y allais pas. » Un autre va plus loin : « Si vous n’y adhérez pas, vous êtes exclu de l’association ».
L’obsession religieuse est prégnante à l’épicerie sociale de l’association. Parlant d’Anne-Marie Vincent-Girod, les bénévoles disent que c’est « une très belle âme » qu’elle est presque « quelque chose de divin ». La gestion de cette épicerie et de la banque alimentaire ne correspondrait pas à l’éthique de ce type d’association. D’anciens bénévoles qui avaient vu des « incohérences comptables » disent lui avoir fait cependant confiance d’emblée : « il y avait cet aspect humanitaire et on lui faisait confiance, c’était notre médecin traitant depuis des années ».

Anne-Marie Vincent-Girod a déjà été impliquée dans le scandale du « Madoff ivoirien ». Elle avait incité des proches de bénévoles d’Oasis d’Amour à investir au sein de Gedeon Financial Corporation, un fonds de pension américain dont le dirigeant ivoirien, Marc Dehi, a été mis en examen en 2007 pour escroquerie en bande organisée et exercice illégal de la profession de banquier.

(Sources : MLyon & Le Lanceur, 25.02.2016)