« La dérive des médecins de l’âme »

Une information judiciaire est actuellement en cours au tribunal de Castres. Un couple, Myriam et Pascal, ont porté plainte en 2005 pour « abus de faiblesse » à l’encontre de la Communauté des Béatitudes. Ils déclarent avoir été les victimes d’une « théorie psycho-spirituelle dangereuse », expliquant qu’ils ont été « manipulés, infantilisés, au point de finir complètement déstructurés ». Interrogée, la secrétaire générale de la MIVILUDES, Catherine Katz, parle « d’emprise mentale et de ruptures familiales ».

Depuis les années 1990, plus de 40 témoignages de familles ou d’anciens membres des Béatitudes sont parvenus à Jacqueline Descamps de l’UNADFI et à Jacques Héliot, président de l’Association vie religieuse et famille (AVREF).
Lors de sa création en 1973 par « frère Ephraïm », la communauté « répondait à des attentes pastorales fortes ». Elle a ensuite était reconnue par l’Eglise diocésaine en 1979.
La théorie développée par Frère Ephraïm puis par un autre théoricien du mouvement, Bernard Dubois, ont engendré la « confusion » dans l’esprit des membres. C’est ce terme de « confusion » qui revient d’ailleurs comme un leitmotiv dans les témoignages recueillis par La Vie, pointant notamment l’articulation entre spiritualité et psychologie. Dans un témoignage, un membre raconte qu’au cours de retraites ressemblant à des stages de développement personnel, « Dieu est utilisé comme une puissance magique capable de résoudre tous les problèmes ».
Le diable est, lui aussi, un personnage omniprésent au sein de la communauté, avec la pratique d’exorcismes et de « prières de délivrance » non encadrées par des prêtres comme c’est l’usage. Pour Yves Brault, psychothérapeute qui, en 2005, a fait une étude dans le cadre de l’Institut de science et théologie des religions (ISTR), il s’agit de « manipulation » et de « prise de pouvoir sur l’autre ».
Face aux problèmes de cette communauté reconnue par l’Eglise, des évêques ont commencé à réagir, dissuadant de suivre ces sessions psycho-spirituelles. Sauf que leur marge s’est considérablement réduite depuis qu’en 2002, la communauté ait été déclarée « association de fidèles de droit pontifical » pour une période d’essai de cinq ans.
Certains continuent malgré tout à soutenir la communauté. Reste que cette dernière est en pleine restructuration suite au départ de certains de ses membres. Quant au fondateur, Ephraïm, il s’investit actuellement dans une nouvelle association, Anawa, qui crée un foyer pour les enfants des rues du Sénégal.

Source : La Vie, Chloé Andries, 22.03.2007