Des victimes se mobilisent

Le 15 juillet 2018, 8 500 Témoins de Jéhovah étaient réunis à Vancouver pour leur convention annuelle dont le thème était le courage. Un petit groupe d’ex-Témoins s’étaient réunis à cette occasion pour dénoncer les abus perpétrés au sein de l’organisation.


Ainsi Natasha Peeters, qui faisait partie des manifestants, raconte avoir été abusée par un ancien de sa communauté jusqu’à l’âge de 13 ans. Elle vivait alors en Belgique et lorsqu’elle a confié les faits aux supérieurs de sa congrégation, ceux-ci ne l’ont pas crue, car le règlement interne du groupe stipule que les actes répréhensibles ne sont reconnus que si la victime peut produire deux témoins oculaires. Elle ne put apporter les preuves de l’abus et fut exclue du groupe.

Interrogé par la presse sur la manifestation, Chas Harisson, porte-parole des Témoins de Jéhovah, affirme ne pas être informé de la règle des deux témoins, mais affirme que l’Eglise prend au sérieux les allégations d’abus. Pourtant l’existence d’une telle politique a bien été constatée par la Commission royale d’Australie dont le rapport publié en 2016 recensait 1 006 cas d’abus sexuels non signalés par les TJ sur les soixante dernières années.

Fin juillet s’est également tenu le mémorial des victimes de la Watchtower. Pendant quatre jours, les victimes du mouvement, mais aussi toutes les personnes sensibles à leur condition, étaient invitées à dénoncer de diverses manières les abus couverts par le groupe. Distribution de fleurs et de flyers, mise en ligne de vidéos, ces initiatives visent à mettre en lumière la loi du silence régnant autour des abus sexuels, l’isolement familial de ceux qui sont exclus, les décès dus au refus de transfusion sanguine…

C’est encore la mobilisation de victimes qui a permis, au mois d’août aux Pays-Bas, l’ouverture d’une enquête sur des abus sexuels commis au sein de congrégations Témoins de Jéhovah. Sandra Dekker, ministre de la Justice a annoncé devant le parlement qu’au moins cinq plaintes pour abus sexuels viennent d’être déposées dans différentes régions du pays et sont en cours de traitement par la justice. La publication de témoignages dans le journal Trouw durant l’été 2017 et le recensement de plus de 276 cas d’abus sexuels par Reclaimed Voice, l’association fondée suite à leur parution, avaient fait prendre conscience de ce problème aux parlementaires hollandais.

(Sources : CBC 16.07.2018, Communiqué de presse de WatchtowerVictimsMermorialDay.com, juillet 2018 & Dutch News, 16.08.2018)