Un sherif démuni face à la loi sur l’exemption religieuse

Depuis le mois de janvier 2017, le comté de Canyon (Idaho) compte déjà trois décès liés à la foi. Le shérif du comté, Kieran Donahue, a lancé une campagne pour faire modifier la loi et en éliminer toute exemption religieuse. Mais le Sénat a rejeté sa tentative.

Très conservateur, l’Idaho est l’un des États qui « fournissent aux groupes religieux des exemptions contre les poursuites pénales et la responsabilité civile pour les décès d’enfants par négligence médicale ». Cet Etat connaît un grand nombre de décès d’enfants dus aux convictions religieuses de leurs parents, en particulier chez les Followers of Christ1, une communauté religieuse dont les membres refusent tout recours aux soins médicaux ,ne s’en remettant qu’à Dieu. Chez eux, le taux de mortalité infantile est dix fois plus élevé que pour le reste de la population.

Le sherif a formé une unité pour enquêter sur la mort de chaque enfant relié au groupe car, selon lui, la plupart d’entre elles aurait pu être évitée (pneumonie, diabète…). Mais les Followers of Christ ont de nombreux soutiens politiques. Ainsi Patti Anne Lodge, représentante du comté, déclare : « ce sont de bonne personnes. Ils ont le droit de vivre comme la loi leur permet, sans interférence, c’est ce que notre constitution leur accorde ». Et pourtant certains parents ont perdu plusieurs enfants. Dan Sevy, chanteur de country et porte-parole du groupe, a perdu deux de ses fils d’une pneumonie. Dans une autre famille, seuls trois enfants sur sept ont survécu.

La plupart du temps, le sherif a beaucoup de difficultés à mener à bien ses investigations. Dans le comté de Canyon, le coroner omet souvent, lors d’un décès, de prévenir la police qui ne peut donc obtenir un mandat de perquisition. Et si elle l’obtient, ce sont les adeptes eux-mêmes qui font obstruction en détruisant des scènes de crime potentielles. Les policiers trouvent des lieux nettoyés, des corps déplacés et des témoins qui restent silencieux. Le sherif Donahue témoigne : « Ils vont juste vous regarder, ne pas dire un mot. Et à ce moment-là, la scène du crime a disparu. Tout ce que nous avons est un corps. Nous ne savons pas s’ils ont tué l’enfant, affamé l’enfant jusqu’à la mort ».

(Source : Los Angelès Times, 18.04.2017)

1. Lire sur le site de l’UNADFI, Etats-Unis / Refus de soins : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/etats-unis-refus-de-soins