Rébellion contre la secte

L’agence Associated Press a publié sur son site, sous le titre Voix de l’Eglise, une série d’articles et de témoignages vidéos dénonçant les abus physiques et moraux subis par 43 ex-adeptes de l’église Word of Faith Fellowship.

D’inspiration pentecôtiste, cette église a été fondée en 1979 par Sam et Jane Whaley suite à une révélation divine faisant de Jane le pasteur d’un ministère dont le but principal est la délivrance. Etablie à Spindale en Caroline du Nord, le groupe a essaimé au Brésil et au Ghana et possède des écoles dans chacun de ces pays.

Jane Whaley a su imposer, grâce à des règles très strictes, un contrôle constant sur ses fidèles et une entrave systématique à toute initiative ceci afin de les couper du reste de la société. Aller dans des restaurants qui diffusent de la musique et qui servent de l’alcool est proscrit. Les fidèles ne peuvent voir que les films et lire les journaux approuvés par la gourelle. Un déménagement ou un nouvel emploi doit être validé par Jane Whaley qui privilégie les postes dans des sociétés appartenant à des membres de l’église.

Elle valide toute demande en mariage. Elle intervient jusque dans l’intimité, contrôlant les relations intimes entre époux et la procréation.

Le contrôle sur les adeptes passe également par une pratique humiliante appelée « dynamitage » qui consiste en des insultes verbales constantes et l’organisation de séances d’exorcisme particulièrement violentes tant sur des adultes que sur des enfants.

Ces séances se soldent souvent par de graves blessures non soignées pour ne pas nuire à la réputation du groupe. Les adeptes vivent dans la peur constante d’une punition. La pire est réservée aux individus de sexe masculin (enfants compris) jugés déviants par la gourelle : ils sont séquestrés, parfois jusqu’à une année entière, dans un appartement exigu équipé d’un nombre de lits insuffisant.

Ces vingt dernières années, l’église a déjà été visée par plusieurs enquêtes de la justice et des services sociaux. Mais aucune n’a abouti car, selon les témoignages d’ex-adeptes, Jane Whaley a mis en place un système bien rôdé d’obstruction à la justice et des sessions de préparation aux interrogatoires de justice. Depuis 1995, pas moins de cinq enquêtes ont été abandonnées.

D’après un avocat, ex-membre du groupe, trois adeptes auraient empêché l’aboutissement de ces enquêtes et auraient aidé la gourelle à bâtir une défense sans faille : il s’agit de deux procureurs et d’un travailleur social. Or l’intervention des procureurs est contraire à la loi.

La seule enquête qui pourrait aboutir, a été ouverte suite à la plainte en 2012 d’un ex-adepte qui avait été roué de coups durant deux heures pour exorciser les démons « homosexuels » de son corps. D’après des témoignages publiés par Associated Press, la gourelle a encore une fois ordonné à ses fidèles de mentir et de salir la réputation du plaignant.

D’ores et déjà, les révélations d’Associated Press ont obligé les deux procureurs et le travailleur social à quitter leur emploi.

(Sources: Associated Press, 27.02.2017, Jezebel.com, 27.02.2017, The Fayetteville Observer, 06.03.2017 & Star News Online, 10.03.2017)