Du 10 au 13 avril 2002, Benoît Yang Ting, 77 ans, était jugé avec son épouse au tribunal correctionnel de Paris. Deux anciens patients, qui s’étaient portés partie civile, les accusaient de les avoir mentalement manipulés en employant la méthode des « faux souvenirs induits » et de leur avoir soutiré des milliers d’euros.


Le mardi 12 juin 2012, le tribunal a condamné Benoît Yang Ting pour « abus de faiblesse » à un an de prison avec sursis et à une amende de 50.000 euros. Au titre des dommages et intérêts, il devra également indemniser ses deux anciens patients en leur versant 100.000 et 50.000 euros. Rappelons que ces deux patients avaient respectivement versé 238.000 et 750.000 euros au pseudo-thérapeute ! L’épouse de Benoit Yang Ting n’a pas été condamnée.

Au cours du procès, il était apparu que les méthodes « thérapeutiques » impliquaient que les patients devaient se déshabiller intégralement pendant de très longues et éprouvantes séances « afin de revivre des souffrances prétendument enfouies ».

Lors de sa réquisition, la procureure avait dénoncé les méthodes de « sujétion psychique » employées par Benoît Yang Ting. Elle avait requis 18 mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende. Contre son épouse, la magistrate avait requis 12 mois de prison avec sursis.

L’Association Alerte Faux Souvenirs Induits (AFSI) s’est réjouie du jugement. Sa présidente, Claude Delpech s’est félicitée que l’AFSI ait pu dénoncer au procès « ces thérapies déviantes ou psychosectaires, basées sur les souvenirs de la petite enfance, qui induisent des traumatismes inexistants dans l’esprit des patients ».

Pour sa part, l’avocate des deux parties civiles a salué la condamnation mais a estimé que « vu les préjudices subis », les montants des indemnisations étaient « décevants » car, a-t-elle ajouté, : « nous savons pertinemment que 200.000 euros, c’est une goutte d’eau pour M. Yang Ting, vu son patrimoine dont nous avions pris connaissance. Il s’en sort très bien ».

A signaler :

Le site internet « Psychothérapie, faux souvenirs induits et fausse mémoire » qui publie des informations du journal L’Express concernant l’affaire Benoît Yang Ting.

Ce même site signale un dossier de psychologie.psyblogs : « Manipuler la mémoire » (février 2012).

COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA MIVILUDES, 12 JUIN 2012

La Mission se félicite de la condamnation pour abus de faiblesse de Benoît Yang Ting. Ce procès « emblématique de l’emprise sectaire exercée par des gourous thérapeutiques fut aussi pour la première fois celui des faux souvenirs induits ».

La Miviludes rappelle la publication en avril 2012 du Guide pratique « Santé et dérives sectaires » destiné aux professionnels de la santé et aux particuliers confrontés aux situations de ce type.

Source : Le Monde / AFP, 12.06.2012