Le yoga, une addiction ?

Déjà bien dévoyé de sa philosophie originelle par les Occidentaux, le yoga est en train de devenir pour certains une raison de vivre, un remède universel produisant des effets addictifs dont il semble difficile de se sevrer. Tournés obsessionnellement sur sa pratique, ils finissent par se centrer exclusivement sur eux mêmes. L’obsession de l’ego, pourtant fui dans sa philosophie ancestrale, deviendrait-il la particularité de ces nouveaux gourous du yoga ?

Depuis peu, le yoga fait en effet l’objet d’un « culte un peu naïf, une sorte de chemin miraculeux et holistique vers le bonheur ». Une consultante en ressource humaine a constaté que des personnes finissent par « perdre le sens commun en prêtant au yoga tous les pouvoirs ». Sa pratique devient alors obsessionnelle. 

Selon la définition du Centre d’études et de recherches en psychopathologie (CERPP) de Toulouse, « quand faire du sport devient une obsession, il y a dépendance ». Le psychiatre addictologue, Dan Véléa explique que « le yoga peut être, chez des femmes en perte de repères et inquiètes à l’idée de vieillir, une réponse à la crise de la quarantaine qui peut s’apparenter à une forme d’alcoolisme mondain ». Certaines personnes ont tout sacrifié au yoga. Le compagnon d’une « yoga-addict » raconte : « D’une pratique occasionnelle – une fois par semaine – elle est passée à trois séances hebdomadaires, plus des stages pendant les vacances. Elle a changé d’alimentation au point de refuser certains dîners chez des amis […] En fait, elle s’attachait de plus en plus au yoga et se détachait de moi. »

La pratique du yoga serait en train de glisser vers une « gym de la performance » pouvant mettre le corps en danger. Selon une étude réalisée en 2013 auprès de 2 508 pratiquants, 30% ont déjà été blessés. Le yoga, censé être apaisant et relaxant, devient un défi pour le corps et l’esprit et peut engendrer des problèmes articulaires.
Des réseaux sociaux illustrent ce phénomène : des yogis postent leurs figures acrobatiques, comme un défi à la communauté, mais aussi « une façon d’évangéliser partout dans le monde ».

(Source : Grazia, 18.11.2015)