Le psychiatre faisait du « racolage »

En proie à de terribles angoisses, Sébastien, alors âgé de 33 ans, avait consulté un psychiatre. Ce dernier l’avait alors dirigé vers une thérapeute spécialisée en Gestalt (psychothérapie qui vise à la résolution des troubles émotionnels et comportementaux).


La thérapie avait démarré par des entretiens tous les quinze jours puis au bout de trois mois, un stage à 350 euros lui avait été proposé. Encouragé par son psychiatre, Sébastien participe à d’autres stages dont un axé sur le rebirth censé lui faire revivre sa naissance. Sébastien a alors de plus en plus de mal « à se situer dans sa vie ». Il accepte pourtant un nouveau stage facturé 450 euros, dirigé par une chamane amérindienne venue du Canada.

Or, cette chamane délivre les messages de « la roue de la médecine » un soi-disant « chemin d’éveil » qui n’a rien de médical. Plus tard, Sébastien apprendra avec stupeur que la « roue de la médecine » est une « référence » pour de nombreux médecins parisiens radiés de l’Ordre des Médecins « pour pratiques douteuses ». Il apprendra également que son psychiatre était lié à la « roue de la médecine » et qu’il était marié avec l’une des thérapeutes « gestaltistes » qui encadraient l’un des stages auxquels il avait participé. Le psychiatre recrutait pour la « roue de la médecine ».

Sept ans après le début de sa pseudo-thérapie, Sébastien, plus que jamais angoissé, pense au suicide. On lui a fait croire que sa thérapie durerait toute sa vie. Il trouve refuge chez ses parents, à qui il se confie. Leur fermeté l’aide à y voir plus clair. Au total, il aura dépensé 5.000 euros « pour rien ». Il contacte l’ADFI et réalise avec stupéfaction qu’il a été victime d’une dérive sectaire. Il porte plainte et l’ADFI se porte partie civile. Mais curieusement, « le dossier est classé ». Néanmoins, Sébastien fera appel contre les deux thérapeutes « pour abus de faiblesse ».

Source : Paris Match, Isabelle Léouffre, 17.12.2012