Exercice illégal de la médecine

Après avoir été condamné en première instance à dix-huit mois de prison dont quatre fermes pour exercice illégal de la médecine, « maître Illario », Philippe Lamy de son vrai nom, s’est présenté devant la Cour d’appel de Bordeaux.


Assisté de Me Gilbert Collard, cet ancien gérant de clubs libertins dans le Médoc se faisait passer pour un médecin magnétiseur et distribuait des gélules magnétisées à ses clients.

Philippe Lamy avait profité de la fascination qu’il exerçait sur un ami gérant d’une société de communication pour se faire présenter des clients et s’adonner au « magnétisme ». « Maître Illario », accompagné de deux assistantes, proposait à des malades « traque d’ondes négatives, communication avec les morts, apparition de sang sur les mains du maître, désenvoûtement… »

Il distribuait des gélules préalablement magnétisées par ses soins, qu’il prétendait capables de guérir presque tous les maux. Les commissions que Philippe Lamy percevait du fabricant venaient s’ajouter à ses honoraires de guérisseur.

Une de ses anciennes clientes, à qui le magnétiseur avait expliqué qu’elle souffrait d’un « caillot de sang au cortex » explique à la barre : « il m’a fait allonger sur le lit, il a dit des incantations, puis il a passé sa main sur mon visage. Il y avait du sang. Il a ensuite soigné mon mari, en lui demandant d’arrêter son traitement et de prendre des gélules à la place ».

La gendarmerie a reçu une dizaine de témoignages attestant que « Maître Illario » distribuait ses gélules « comme un médecin prescrit des médicaments et enjoignait les clients d’abandonner leurs traitements traditionnels, même pour des pathologies aussi lourdes que des cancers ».

Le prévenu dément ces accusations et nie avoir préconisé à quiconque d’arrêter son traitement. Me Collard de tenter : « On a aussi vu des médecins prescrire des médicaments dangereux. Si j’ai un Archibald qui me prescrit des compléments alimentaires à base de betterave à la place du Médiator, je ne perds pas au change ».
L’Ordre des médecins s’est constitué partie civile. Le parquet a requis la confirmation de la peine prononcée en première instance. La cour rendra son arrêt le 17 décembre.

Source : Sud-Ouest, Yann Saint-Sernin, 23.10.2013