
OneTaste, longtemps perçue comme une curiosité New Age prônant une forme de bien-être sexuel par la « méditation orgasmique », se retrouve aujourd’hui au centre d’un procès pénal. Sa fondatrice, Nicole Daedone, et son ex-responsable commerciale, Rachel Cherwitz, sont accusées de conspiration en vue d’imposer un travail forcé.
Créée en 2004 à San Francisco, OneTaste proposait des stages de méditation autour de pratiques sexuelles. L’entreprise a attiré de nombreux adeptes. Mais elle s’est aussi rapidement vue taxée de soupçons de dérive sectaire. Et le culte voué à Nicole Daedone, décrite par d’anciennes membres comme une figure quasi mystique, n’a fait que renforcer les doutes de manipulation psychologique sous couvert de développement personnel.
En 2018, suite à un article de Bloomberg, le FBI a ouvert une enquête. Et en 2024, les procureurs fédéraux ont inculpé Nicole Daedone et Rachel Cherwitz, les accusant d’avoir exploité les traumatismes de leurs disciples pour les contraindre à des actes sexuels et à des travaux non rémunérés.
Le dossier repose en grande partie sur les témoignages d’anciennes membres. Pour la défense, ces pratiques relevaient de choix adultes librement consentis. L’avocate de Nicole Daedone, Jennifer Bonjean, plaide que l’affaire repose sur « des regrets rétrospectifs érigés en crimes ». Des soutiens inattendus, comme le magazine libertarien Reason ou le député républicain Matt Gaetz, dénoncent « un procès politique et une criminalisation de la sexualité alternative ».
Malgré la tempête judiciaire, Nicole Daedone ne fléchit pas. Elle mène une contre-offensive médiatique, multiplie les prises de parole et assume publiquement ses pratiques. Elle se défend d’avoir dirigé une secte, préférant parler d’un mouvement expérimental visant à « réconcilier les femmes avec leur énergie sexuelle ».
Reste qu’au-delà du scandale, ce procès soulève des questions complexes sur le consentement, la frontière entre foi personnelle et emprise psychologique, et les limites de la justice face aux nouveaux gourous du bien-être. Le verdict tranchera. Le débat, lui, ne fait que commencer.
(Source : Vanity Fair, 18.05.2025)
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