Une entreprise flouée par un mouvement sectaire

Malvinder et Shivinder Singh, héritiers d’un empire de santé indien ont été mis en difficulté financière par les activités de leur « maitre spirituel », Gurinder Singh Dhillon dirigeant du groupe hindouiste Radha Soami Satsang Beas.

Solidement implanté en Inde, le groupe compterait plus de quatre millions d’adeptes à travers le monde. Le leader Gurinder Singh Dhillon est un cousin des frères Singh. À la fin des années 1990 et après la mort de leur père, Dhillon est devenu un père de substitution pour les deux frères. Dès lors les finances de la famille Singh et celles du chef spirituel vont s’entremêler. L’argent circule des Singh vers la famille du chef spirituel par l’intermédiaire de sociétés fictives et de nombreux instruments financiers obscurs. Les membres du mouvement sectaire occupaient des postes clés au sein de différentes entreprises de l’empire des Singh. La famille du gourou deviendra actionnaire de plusieurs sociétés avec de l’argent qu’ils lui ont prêté. Elle construira également un empire immobilier, toujours grâce au financement de la fratrie. Entre les différents prêts et créations de structures, il est difficile d’évaluer la somme que le gourou doit à la famille Singh.

Les deux frères ont reconnu avoir des liens financiers importants avec le gourou mais ils refusent de dire que ce dernier est la cause de leurs problèmes financiers. Ils considèrent Gurinder Singh Dhillon comme leur maitre spirituel qui n’agirait que par amour. Pourtant avant d’être un leader spirituel, Dhillon était un homme d’affaire issu d’une famille de grands propriétaires terriens. Pour un ancien membre qui anime aujourd’hui un blog critique sur le groupe, le gourou serait resté un businessman avant d’être un maitre spirituel.

Les deux frères font l’objet d’une enquête criminelle menée par les autorités financières sur 23 milliards de roupies disparus de leurs sociétés cotées en bourse. Ils doivent 500 millions de dollars pour des allégations de fraude liées à la vente d’une entreprise en 2008. Ils ont aussi perdu le manoir familial. Les deux nient tout acte répréhensible. De son côté, Dhillon n’a pas été mis en cause.

Des représentants du groupe sectaire ont tenu à rappeler que tous les membres y compris le leader sont tenus de subvenir aux besoins financiers du mouvement. Ils ajoutent que les affaires financières du gourou sont une affaire personnelle bien distincte de son rôle au sein de la communauté.

(Source, Bloomberg, 16.08.2018)