Un moine hindou devant le tribunal

Le swami Sadânanda, moine hindou qui a pignon sur rue dans la ville de Saint-Louis (La Réunion), a été condamné à un an de prison ferme et 25 000 euros d’amende pour travail dissimulé, abus de confiance et de faiblesse.


Drapé de son costume de religieux, tendant la main aux indigents, le swami Sadânanda de l’ashram du Gol, de son vrai nom Pascal Boqui-Queni, hébergeait des sans-abri contre un travail de ramassage de déchets et le reversement intégral de leur RSA. Il accueillait des personnes démunies dans le cadre de son association créée en 2009, l’association Sarada Devi SOS Solidarité. L’enquête a démontré que tout était organisé au profit du swami : il demandait 200 euros par mois aux sans-abri alors que les repas étaient offerts par des restaurants de la ville. Mickaël Giraudet, procureur de la République, a résumé l’affaire en quelques mots : « On a joué sur la compassion des gens pour se faire un peu de sous. C’est dégueulasse. »

C’est le signalement de Sylvain à son assistante sociale qui a déclenché les investigations. L’association collectait des déchets dans plusieurs sociétés mais les chèques étaient encaissés directement sur le compte bancaire de Pascal Boqui-Queni. D’après les résultats de l’enquête, cette activité lui aurait rapporté 53 000 euros. Au tribunal, le prévenu « en savates et drapé dans la tenue orange des moines hindous » a fini par reconnaître qu’il « arrivait que les personnes hébergées fassent du bénévolat ». Pour lui, il ne fait aucun doute qu’ils étaient tous volontaires. Mais pour la présidente du tribunal, Pauline Flauss, la vérité est autre : « C’est plutôt eux qui travaillaient du matin jusqu’au soir pour vous ».

Pourtant, le 29 janvier 2010, Sully Fontaine, responsable du service culturel de Saint-Louis, a fait l’éloge du swami Sadânanda : « Aucune association n’aide autant la mairie. Le service social le plus actif de la commune, c’est celui du swami ». En octobre de la même année, ce sont les médias qui le mettent au premier plan. Cette vitrine attire les générosités comme celles du gouverneur du district du Rotary qui vient, les bras chargés de dons pour l’association, inaugurer une plaque posée sur le mur des locaux. Personne ne s’était rendu compte que ce centre n’avait pas reçu d’agrément des services de l’état. Et pour cause… Pascal Boqui-Queni n’a jamais déclaré l’association en préfecture.

Source : Le Quotidien de la Réunion, 21.03.2014