En 2005 et 2006, Bulles avait publié une série d’articles sur le Système Gurdjieff[voir Bulles n°83, 85, 89 et 92]]. Le troisième, Les Groupes Gurdjieff aujourd’hui, traitait de la pratique et de ses conséquences. Le récit qui suit en est une illustration récente. Dans une démarche d’ouverture et de développement personnel, la jeune femme qui témoigne ici a intégré un de ces groupes et suivi l’enseignement d’un «maître» ; mais sa capacité à garder un certain recul lui a permis d’en sortir avant d’être engagée au point de perdre son autonomie.
Le recrutement
Je pratique le yoga depuis sept ans. Comme tous les ans, notre professeur nous propose un stage de 3 jours. Je m’y inscris en confiance.
Lors de chaque stage, un atelier est proposé (poterie, cuisine à partir des éléments de la nature,…), dispensé par un intervenant. Cette fois-ci, on nous propose une initiation au Feng Shui. Je suis intéressée et pose beaucoup de questions, mais les réponses restent vagues.
Après le stage, je reste en contact avec l’intervenante et, au bout de quelques semaines, elle me parle à demi-mot d’un groupe de travail qui pourrait répondre à mes questionnements : un groupe qui permet de s’éveiller. Je tente d’en savoir plus, mais les réponses sont toujours évasives… Puis elle m’invite à une soirée, où je retrouve deux autres personnes du cours de yoga. Je me sens donc en confiance, et, au cours de la soirée, on me propose de rejoindre le groupe car j’ai le profil pour ! Mon hôtesse sera ma marraine.
Je demande quelle est la finalité du groupe, mais la réponse n’est pas très claire, à part celle de s’éveiller à sa vie d’Homme. Je demande si c’est une secte : on me répond que non, puisqu’on ne demande pas d’argent.
Mais je dois d’abord être présentée à X, le professeur. Ce passage est obligatoire, car seul X sait si une personne est prête à rejoindre le groupe. L’attente dure quelques mois. Toujours les mêmes réponses évasives à mes questions… ( …)