Soupçons d’ingérence chinoise dans deux monastères

Situés sur l’Ile-du-Prince-Édouard, deux monastères bouddhistes affiliés au mouvement Bliss and Wisdom fondé à Taïwan, sont dans la ligne de mire des autorités canadiennes. Une enquête a été ouverte pour vérifier si ces institutions ont acquis illégalement trop de terres. En parallèle, deux anciens enquêteurs fédéraux réclament une enquête de la GRC, évoquant de possibles liens avec le gouvernement chinois.

Le mouvement, dirigé par Maître Zhen-Ru, une laïque d’origine chinoise non reconnue par le dalaï-lama, est soupçonné d’être influencé par le Parti communiste chinois. Des documents et témoignages montrent la participation régulière de ses représentants à des événements organisés par des agences religieuses chinoises liées à Pékin. Bliss and Wisdom dément toute affiliation politique.

Le Great Enlightenment Buddhist Institute Society (GEBIS) et le Great Wisdom Buddhist Institute (GWBI) regroupent environ 1300 moines et religieuses, ainsi que des élèves étrangers. Les deux entités possèdent ensemble plus de 162 millions de dollars en biens fonciers sur l’île. Ces acquisitions immobilières massives, souvent faites par des membres de manière individuelle, soulèvent des interrogations sur un éventuel contournement des lois foncières provinciales.

L’implantation de Bliss and Wisdom s’étend aussi au secteur économique. Ils ont des intérêts dans la vente de produits biologiques (Leezen), l’hôtellerie, la construction et les voyages. Le mouvement ambitionne de faire de l’Île-du-Prince-Édouard un centre de tourisme religieux international.

Alors que le gouvernement chinois tente de contrôler le bouddhisme dans le cadre de sa politique de « sinisation », des experts craignent que le Canada ne serve de plateforme à cette stratégie. Pour certains, Bliss and Wisdom agit comme un cheval de Troie pour les intérêts chinois.

La province promet de faire la lumière sur les propriétés détenues mais le flou juridique autour du contrôle indirect des terres pourrait compliquer l’application de la loi. Le ministre Steven Myers a affirmé sa volonté de protéger les terres agricoles et de « fermer les portes » à toute tentative d’expansion illégale.

(Source : Radio Canada, 14.06.2025)

  • Auteur : Unadfi