Singapour / Les megachurches de Singapour s’exportent

City Harvest et d’autres méga-églises pentecôtistes de la riche ville de Singapour ont perfectionné un modèle populaire et lucratif : l’évangile de la prospérité. Il allie spirituel et matériel. Aujourd’hui leur objectif est de s’exporter à travers le monde et de faire de Singapour la plaque tournante de cette forme de christianisme.


Evangéliser est la mission de City Harvest : les concerts pop donnés par Sun Ho, sa leader, en Chine, à Taiwan et aux États-Unis, ont attiré une nouvelle génération de disciples. En Asie, il y a déjà 49 églises qui y sont affiliées. Pour s’exporter, City Harvest a créé un collège biblique qui forme ses leaders dans des pays comme la Norvège, le Kazakhstan ou le Zimbabwe.

Le Centre pour l’étude du christianisme mondial au Séminaire théologique Gordon-Conwell dans le Massachusetts estime que la croissance du christianisme en Asie est dix fois supérieure à celle de l’Europe. Bien que les megachurches soient nées aux Etats-Unis, les plus importantes se trouvent en Asie. Leur nombre est tel qu’elles contribuent à diluer le bouddhisme, religion traditionnellement dominante à Singapour. De parents bouddhistes, Rolland Teo, 25 ans, a déclaré que sa vision de la religion a changé lorsqu’il a rejoint City Harvest : « C’était quelque chose de plus dynamique, quelque chose que je ne retrouvais pas dans les croyances de mes parents. »

Ces megachurches sont de véritables entreprises : City Harvest a gagné 38,6 millions de dollars singapouriens (soit plus de 22 millions d’euros) en 2009 et comptait près de 20 000 fidèles en 2012. En plus des concerts pop, Sun Ho a appris à collaborer avec des stars d’Asie et réussi à faire irruption dans le marché américain.

Mais des allégations de corruption sont venues troubler le succès de la megachurch. City Harvest fait l’objet d’accusations : Kong Hee, le mari de Sun Ho, aurait détourné des fonds de l’église pour financer la carrière de chanteuse de sa femme.

Ces églises de la prospérité se défendent d’être obnubilées par l’argent bien qu’un de ses leaders ait déclaré que « la prospérité est un sous-produit de l’obéissance aux commandements de Dieu ». La dîme, égale à 10% des revenus, est versée par certains qui y voient le moyen d’ « acheter » l’amour de Dieu alors que d’autres disent que c’est une façon de le remercier.

Source : Reuters, Laura Philomin, 06.03.2014