En Norvège, les Témoins de Jéhovah se sont vu supprimer leur enregistrement national comme communauté religieuse . Et les subventions qui vont avec. Ils ont décidé d’attaquer l’Etat.
Certaines pratiques des témoins de Jéhovah violent-elles la loi sur les communautés religieuses ? Ou la révocation de l’enregistrement des témoins de Jéhovah viole-t-elle leur droit à la liberté de religion et liberté d’association tels que garantis par la Convention européenne des droits de l’homme ? C’est tout l’enjeu du procès qui s’est ouvert ce 8 janvier en Norvège. L’un des plus importants sur une question de liberté religieuse en Norvège depuis des décennies.
Tout a commencé en janvier 2022. La gouverneure du comté d’Oslo et Viken refuse alors d’attribuer aux Témoins de Jéhovah les subventions d’Etat pour l’année 2021 (soit 1,5 M$). Le motif : leur politique d’ostracisme. Dans un communiqué, elle argumente que « l’Etat ne peut pas cautionner le fait que des témoins de Jéhovah n’aient pas le droit de contacter des membres qui sont sortis de la communauté, ce qui peut entraver la capacité d’une personne à se retirer librement du groupe ». Elle évoque aussi « un contrôle social négatif qui contrevient aux droits des enfants ». Pour elle, « ces infractions sont systématiques et intentionnelles et elles vont à l’encontre de la loi sur les communautés religieuses de la Norvège ». Les Témoins de Jéhovah ont immédiatement fait appel de cette décision. Leur porte-parole, Jarrod Lopes, a expliqué que la communauté « ne force pas ses membres à limiter ou cesser d’entretenir des relations avec d’anciens fidèles ». Et d’ajouter que, « si exclusion il y avait, c’était seulement en cas de violations graves au code moral de la Bible ». Le ministère de l’Enfance et de la Famille a confirmé la décision de la gouverneure. Et, les Témoins de Jéhovah n’ayant pas modifié leurs pratiques, ils ont perdu l’enregistrement national. Sans ce quitus, ils perdent leurs subventions et le droit de célébrer des mariages par exemple. En décembre 2022, les Témoins de Jéhovah ont intenté une action en justice contre l’État, arguant « qu’il n’y avait pas de preuves de préjudices et que le rôle de l’Etat n’était pas d’interpréter les textes religieux ». Pour leurs avocats, « demander aux témoins de Jéhovah de changer de croyances, c’est violer leur intégrité en tant que personne religieuse mais aussi en tant que personne dotée d’une conscience ».
(Source : Religion News Service, 16.01.2024)