Lors d’un raid, les autorités indiennes ont retrouvé près de 250 femmes et 48 filles enfermées dans des ashrams appartenant à Adhyatmik Vishwa Vidyalaya (AVV), mouvement spirituel dirigé par Virendra Dev Dixit.
Des raids ont été menés suite à la disparition d’une femme de 24 ans dans l’état du Rajasthan. Sa famille raconte qu’elle était impliquée dans des activités de méditation et de yoga au sein des Brahma Kumaris1 avant de se rapprocher du groupe de Dixit et de disparaitre. Après de longues recherches, la famille a retrouvé la jeune femme dans un ashram sécurisé où les échanges étaient surveillés par des gardiennes. Leur fille semblait totalement anesthésiée. Les médias indiens ont relayé cette information permettant à d’anciens adeptes et à d’autres familles de rechercher leurs filles et de se manifester auprès des autorités. Une ordonnance de la Haute Cour de New Delhi a permis le déroulement du raid, alléguant que plusieurs femmes et mineures étaient détenues illégalement dans les ashrams du groupe. La police a retrouvé sur place des seringues et des médicaments et certains adeptes semblaient drogués. Les femmes ont pour la plupart refusé de quitter l’ashram mais les mineures ont été emmenées. Depuis ces raids, les autorités indiennes craignent que d’autres femmes et enfants soient enfermés dans les 300 propriétés appartenant au groupe. Le leader, qui a pris la fuite, est recherché.
Virenda Dev Dixit est décrit par les membres de l’ashram comme une incarnation de Krishna. Il était membre des Brahma Kumaris avant de créer son propre groupe. Il a déjà été accusé d’agression sexuelle en 1998. Cette fois, il est inculpé pour agressions sexuelles sur femmes et mineures et séquestration de ses adeptes dans des ashrams dans des conditions indignes. Le gourou a construit et fondé des centaines d’ashrams partout en Inde, subtilisant le plus souvent les terres et les biens de ses adeptes pour constituer son patrimoine foncier. Face aux accusations, le groupe prétend que les adeptes restent de leur propre gré et sont bien traités.
Pour Ronki Ram, professeur en sciences politiques à l’Université Panjab à Chandigarh, les ashrams constituent un endroit attrayant prônant l’égalité dans une société indienne déchirée par les castes et les inégalités économiques. Les ashrams ont leurs propres écoles et hôpitaux venant ainsi pallier les manquements de l’état. Les hommes politiques sont prompts à chercher le soutien des gourous autant pour obtenir des votes lors des élections que pour réguler et surveiller ces communautés. Les gourous indiens peuvent ainsi opérer et prospérer dans un vide juridique complet.
(Sources : The Guardian, 29.12.2017 & 08.01.2018)
1. Lire sur le site de l’UNADFI : Que sait-on de ? Brahma Kumaris : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/descriptif-23