Le Tribunal correctionnel d’Albertville (Savoie) a condamné Jacques Masset, psychanalyste autoproclamé, à cinq ans de prison dont une année avec sursis pour abus de faiblesse. Il a été jugé pour avoir prescrit à ses « patients » des rapports sexuels multiples, violents et dégradants. Il lui est également reproché de leur avoir soutiré d’importantes sommes d’argent. Sur les 91 victimes identifiées, dix-neuf se sont portées parties civiles. En effet, deux victimes se sont ajoutées, durant le procès, aux dix-sept déjà enregistrées.
Les premiers signalements avaient été enregistrés par l’ADFI Deux-Savoie Isère. L’UNADFI, qui s’est également portée partie civile, avait révélé l’affaire en 2010. Les faits poursuivis se sont produits entre 2007 et 2010.
Durant les trois jours du procès, des femmes meurtries, détruites par des années de souffrance se sont relayées à la barre pour témoigner de l’enfer qu’elles ont vécu.
Elles étaient totalement sous l’emprise de cet homme d’une grande perversité. Il leur promettait de les guérir en leur indiquant ce qu’il appelait des « rendez-vous pulsions ». Il prétendait que ces séances, auxquelles il participait parfois, les empêcheraient de tomber dans la prostitution. Il a poussé l’une d’elle à se prostituer durant plusieurs mois.
Il convainquait certaines qu’elles portaient en elle le désir d’être des prostituées ou induisait chez d’autres de faux souvenirs d’inceste provoquant des dommages collatéraux dans leurs familles.
Certaines victimes ont dû débourser de 15 000 à 25 000 €.
Cet ancien éboueur d’Annecy avait profité du vide juridique de ces professions pour s’autoproclamer psychanalyste en 1996. Dans le cadre de sa Société française d’analystes praticiens jungiens (SFAPJ), il dispensait des formations pour permettre à ses « patients » de devenir thérapeutes.
Jacques Masset a réfuté chacune des accusations. Il se défend en assurant avoir voulu « faire le bien » avec des « méthodes » qu’il pensait « bonnes ». Il a réussi à garder un certain sang-froid face aux questions de la cour et s’est montré un peu trop à l’aise malgré la situation, obligeant la présidente du tribunal à le recadrer.
Le tribunal a également prononcé la fermeture de ses établissements situés à Ugine (Savoie), Cuers (Var) et en Suisse et l’interdiction d’exercer toute profession en relation avec l’infraction pendant cinq ans.
(Sources : France Bleu, 16 et 17.12.2015 & Le Parisien &L’Express, 18.12.2015 &France 3, 19.12.2015)