Plainte pour harcèlement moral contre une communauté de Krishna

Membre de l’Association internationale pour la Conscience de Krishna (AICK) depuis 1978, Hubert Goudet, 72 ans a quitté la communauté du domaine d’Oublaise (Indre) en décembre 2013 et porté plainte pour harcèlement moral contre le dirigeant du temple.


Hubert Goudet a décidé de partir, avec sa femme, après avoir « ouvert les yeux » lors du procès d’un autre adepte de la communauté liée à l’immolation mortelle d’une sexagénaire dans ce même domaine d’Oublaise. Pour lui, ce drame était prévisible : « On lui en demandait trop, elle était fragilisée psychologiquement ». En 2003, il s’insurgeait déjà : « Trois principes essentiels ont pris le pas sur la foi : l’argent, le sexe, le pouvoir. »

Après en être sorti, le couple y est revenu : « Le temple nous attire, l’autel, les chants ». Hubert et Monique Goudet espéraient aussi que les choses avaient changé. Mais ils durent constater qu’on leur demandait toujours plus de services « sans considérer la fatigue, l’âge et les aptitudes physiques » de chacun.
Hubert dénonce également l’enrichissement de certains membres.

Toutes ces accusations sont niées par le chef de la communauté de Luçay-le-Mâle, Joël Loison, qui explique qu’ « aucune décision n’est prise de manière unilatérale ». Pour lui, Hubert Goudet a été « accueilli comme un frère » et son but est de les « détruire ». Et d’ajouter : « ça fait mal, c’est un peu une trahison ».

Toujours selon Joël Loison, la dizaine d’adeptes résidant dans le château d’Oublaise reçoit des centaines de personnes des environs. « Nous sommes comme n’importe quelle religion, avec nos pratiques cultuelles ».

Christian Mercuri, procureur de la République à Châteauroux, admet qu’hormis l’affaire de l’immolation, aucun incident ou renseignement n’est remonté. Il constate que la communauté est plutôt discrète. Marie-Françoise Bardet, présidente de l’ADFI Touraine, n’a pas entendu parler du groupe depuis longtemps. Elle explique néanmoins que cela n’exclut pas certains problèmes : « Dans les groupes vivant repliés sur eux-mêmes, n’obéissant qu’au gourou ou au message du gourou, l’adepte se retrouve privé de ses droits de citoyen et souvent de ses droits sociaux. Parfois avec une « nouvelle » identité, qu’il n’a pas choisie. Il perd la liberté de penser par lui-même. Par exemple, chez Krishna, l’adepte doit répéter le mantra sacré (NDLR : courte prière) 1.728 fois par jour et « rattraper » les jours suivants s’il n’y est pas arrivé. Il ne lui reste pas beaucoup de temps pour réfléchir. »

Source : La Nouvelle République, 07.02.2014