Plainte pour abus de faiblesse contre la supérieure d’un carmel

Suite à la plainte des parents d’une jeune femme membre du Carmel Notre Dame de la Rencontre de Simacourbe (Pyrénées-Atlantiques), le Parquet de Pau a ouvert une enquête préliminaire pour « abus de vulnérabilité de personnes en situation de sujétion psychologique ».

Selon les plaignants, leur fille âgée de 35 ans serait sous l’emprise de la supérieure de la communauté, soeur Joanna, qui serait vénérée et considérée comme la représentante du Christ par les autres religieuses. Sous son influence, leur fille aurait quasiment rompu tout contact avec eux. Selon eux, la supérieure assurerait elle-même « un suivi médical plus que sommaire des religieuses ». D’après une seconde famille, des psychotropes seraient administrés sans ordonnance. Cela inquiète beaucoup les parents de la jeune femme qui présenterait des symptômes de dépression. Selon eux, elle serait en danger physique et psychique au sein de cette communauté.

Devant l’incapacité des autorités ecclésiales à régler le problème, les parents, soutenus dans leurs démarches par le CCMM Info-sectes Aquitaine, ont saisi la justice. Ils ont également alerté la MIVILUDES. L’évêque de Bayonne, Mgr Aillet, aurait déjà reçu plusieurs fois des signalements l’alertant sur l’absence de contre-pouvoir au sein de la communauté et le manque d’intimité (le courrier serait ouvert, la supérieure rentrerait dans les cellules à l’improviste). Une dizaine de proches auraient déjà émis des doutes sur le fonctionnement communautaire.

Le Carmel s’est installé dans les Pyrénées-Atlantiques en 2009 et compte à ce jour quinze femmes âgées de 29 à 79 ans. Depuis leur installation, les soeurs ont entamé des travaux de rénovation et d’agrandissement qui auraient coûté environ trois millions d’euros. Quand on demande à soeur Joanna d’où provient l’argent, elle répond : « J’ai prié Saint Joseph et il m’a donné ce qu’il fallait ». D’après Jacques Héliot, membre de l’AVREF, soeur Joanna, de son vrai nom Éliane De Cock a déjà eu des problèmes avec les autorités cléricales. Originaire de Belgique, elle avait été relevée de ses voeux solennels par l’Évêque de Namur en 1993 qui avait déjà constaté l’administration de médicaments sans ordonnance et une autorité démesurée. Forcée de partir, elle a fondé un institut carmélitain dans les Hautes-Alpes en 1997. Dix ans plus tard une enquête canonique de Mgr Di Falco, concluant qu’elle induisait les jeunes filles en erreur, l’a à nouveau obligée à partir. En 2009, le Carmel d’Alençon l’a réintégrée, ce qui permit à Mgr Aillet, Évêque de Bayonne de fonder, avec l’autorisation de Rome, un nouveau carmel à Simacourbe.

Depuis leur installation, l’Évêque apporte un soutien sans faille aux religieuses. Au cours d’une visite canonique, en 2016, il n’avait rien relevé d’inquiétant. Néanmoins, la Congrégation pour les Instituts de vie consacrés et les sociétés de vie apostoliques à Rome est venue inspecter le Carmel du 7 au 15 octobre 2016. Les conclusions seront rendues publiques ultérieurement.

(Sources : Sud-Ouest, 21.10.2016, La Croix, 24.10.2016, Le Point, 27.10.2016, 20Minutes, 24.10.2016)