Ma fille a été victime d’une secte

Parc d'Accueil

Entre 2005 et 2007, Enola, la fille de Jacques D. ne donnait plus de nouvelles. Elle était sous l’emprise d’une femme gourou, une enseignante qui avait fondé une petite communauté à Lisieux.


En 2007, après des mois de silence, Jacques D. reçoit un appel téléphonique d’un homme chez qui Enola travaille comme aide-soignante. L’employeur avait fini par comprendre qu’Enola « était en totale dépendance d’une organisation de type sectaire » et qu’en grande détresse, elle voulait la quitter. Il avait réussi à convaincre Enola de lui communiquer les coordonnées de ses parents.

Dès le lendemain, Jacques D. va chercher sa fille à Lisieux. Il la retrouve « dans un état déplorable et complètement démunie ». La gourelle lui avait fait vendre sa voiture tout en conservant le montant de la vente ! De même, la totalité de son salaire avait été confisquée. Aussitôt, Jacques D. emmène sa fille déposer plainte au commissariat.

Fin 2007, la presse relate l’affaire, suite à l’arrestation de plusieurs personnes résidant dans cette communauté appelée « Torrent de Vie » ou « Parc d’Accueil ». La gourelle, qui se prenait pour l’épouse de Dieu, procédait à des exorcismes et à des cérémonies de purification puis ordonnait que les participants se livrent à des relations sexuelles échangismes. Elle appelait ces séances « mêlées célestes ».

Dès juillet 2007, la gourelle et une adepte étaient mises en examen pour « viol, agressions sexuelles, abus de faiblesse ou d’ignorance sur personne en état de sujétion psychologique et violences volontaires sur personnes vulnérables ». En outre, le procureur de la République de Lisieux annonçait que près de 400.000 euros avaient été détournés entre 2005 et 2007.

Mais depuis 2007, rien n’a bougé. Le 23 novembre 2011, plus de quatre ans après l’ouverture du dossier, le magistrat chargé de l’instruction écrivait à Jacques D. « qu’il attendait que le parquet se manifeste ».

En attendant, l’état psychique d’Enola n’a fait qu’empirer. Victime de viols, elle souffre de troubles de la personnalité. Ne pouvant plus travailler, elle touche une pension adulte handicapée et se trouve maintenant sous curatelle. Et la perspective du tribunal « la hante ».

Source : La Presse de la Manche, 19.01.2012