Le pasteur d’une église évangélique soupçonné de mauvais traitements sur enfants

Alertée par les services de protection de l’enfance, la police de Montréal (Québec) a ouvert une enquête sur un pasteur soupçonné d’avoir enfermé dans un sous-sol et maltraité sept jeunes garçons pendant de nombreuses années. Dans la foulée, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a également ouvert une enquête. Elle entend vérifier que les droits de ces jeunes garçons avaient bien été respectés. Leurs parents étaient adeptes de l’Église évangélique baptiste de Québec-Est et avaient eux-mêmes confié leurs enfants au pasteur.

Selon le témoignage de trois des victimes, ils auraient été enfermés dès leur plus jeune âge. Ils étaient scolarisés au domicile du pasteur qui leur enseignait une interprétation rigide de la Bible. Ils prétendent avoir été brutalisés, privés de nourriture et d’eau, lorsqu’ils désobéissaient. Le pasteur a exercé un contrôle psychologique sur les jeunes garçons en les obligeant à confesser leurs péchés chaque matin.
Le chef de l’agence de protection des enfants reconnaît que les situations où les enfants sont sous le contrôle d’un adulte et coupés de l’extérieur sont « complexes ». Il ajoute : « Dans ce genre de situation, nous sommes souvent confrontés à des enfants qui ont été préparés à notre intervention. Ils savent quelles informations nous donner pour nous rassurer ».

Camil Picard, vice-président pour la jeunesse de la Commission admet que les policiers et la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) sont mal outillés pour intervenir dans un contexte où les parents sont sous l’influence d’un tiers. Pourtant, en 2013, la DPJ avait enquêté suite aux signalements concernant certains de ces garçons, mais les dossiers avaient été refermés.
De plus, le ministère de la Famille a découvert une garderie dans la maison du pasteur. Il a fait procéder à une inspection tout en soulignant qu’il s’agissait d’une garderie illégale pour laquelle aucun permis n’avait été délivré. Aucune plainte n’ayant été déposée, le ministère ne pouvait connaître l’existence de la structure.

Dans cette affaire, aucune accusation n’a pu être portée contre le pasteur car les signalements enregistrés par la police québécoise ne mentionnent pas le nom du tortionnaire. Le pasteur dont les revenus annuels sont estimés à moins de 17.000 dollars, vient de déménager dans une luxueuse résidence d’une valeur de 385.000 dollars, acquise en 2014. Il y vit avec ses trois filles ainsi qu’un administrateur de l’église évangélique baptiste de Québec-Est.

(Sources : Toronto Star, 30.09.2015 & Radio Canada, 01 et 02.10.2015 & Journal de Québec, 16.10.2015)