Gilles d’Ettore, maire d’Agde (34) depuis 2001, aurait accordé des postes et financé des travaux au bénéfice d’une médium. Il a été mis en examen ainsi que la voyante.
Sophia M se décrit comme « médium » pouvant se « connecter avec les défunts ». Des pouvoirs dont elle a fait commerce. Le maire d’Agde, président de la communauté d’agglomération Hérault-Méditerranée, ancien député Les Républicains, serait tombé sous son « emprise ». Celui qui fut inspecteur de police avant de se lancer en politique l’a rencontrée en mai 2020. Ventriloque, elle incarne un personnage chimérique qu’elle dit être le père de l’édile. Il est séduit et suit les conseils de « la voix » au fil des contacts réguliers qu’il entretient avec la voyante. « Même lorsque celle-ci lui demande d’octroyer à Sophia M. ou à son entourage des largesses ou prestations », résume le procureur de Béziers, Raphaël Balland, dans un communiqué. En pratique, elle aurait ainsi obtenu la promotion de son époux, employé de mairie, en tant que directeur des services techniques, mais aussi l’embauche de quatre de ses proches. Selon l’enquête de Midi Libre, elle aurait également obtenu « le paiement de son mariage en 2023 dans un château de l’Hérault et des travaux à son domicile, pour des centaines de milliers d’euros, aux frais de la mairie » Ce que conteste l’avocat de la défense, Me Darrigade, qui souligne que « l’enquête ne l’a pour l’instant pas formellement prouvée ».
Placés en détention provisoire
Il faudra une plainte de la conseillère régionale et ex-épouse du maire, Géraldine d’Ettore, en octobre 2023, pour que le parquet ouvre une information judiciaire en janvier 2024. A l’issue d’une enquête menée conjointement par le commissariat d’Agde et la brigade financière, Sophia M. et Gilles d’Ettore ont été placés en garde à vue ce mardi 19 mars. Entendue, la voyante aurait avoué la supercherie expliquant « être entrée dans une spirale dont elle n’arrivait plus à sortir ». Elle a été mise en examen pour « escroqueries, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l’autorité publique, recel de corruption, et travail dissimulé » et placée en détention provisoire. Son époux est lui aussi mis en examen pour « recel » de ces faits, mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Gilles d’Ettore aussi été placé en détention provisoire (sa demande de remise en liberté a été rejetée) et mis en examen pour « détournements de fonds par une personne dépositaire de l’autorité publique, prises illégales d’intérêts et corruption ». A ce jour, il n’a pas démissionné de ses mandats.
(Sources : Le Monde, 22.03.2024 & Le Figaro, 05.04.2024)