La dénonciation d’un trafic de drogue dans une école par « la Fondation pour un monde sans drogue » lors d’une réunion du Comité éducation de la chambre des représentants de Chypre, a causé un vif émoi parmi les autorités politiques, associatives et religieuses du pays. En effet, l’association dénonciatrice étant connue pour ses liens avec l’Eglise de Scientologie, chacun se demande comment sa présence lors de la réunion du 31 janvier travaillant sur le problème de la toxicomanie en milieu scolaire a pu être autorisée.
Lors de cette rencontre, Stella Constantinou, directrice de la « Fondation pour un monde sans drogue », a accusé le gérant d’une cantine scolaire de Limassol d’avoir vendu de la drogue à des élèves. Interrogée sur les raisons pour lesquelles cette affaire n’avait pas été signalée à la police, elle a raconté que le gérant de la cantine menaçait l’association de parents d’élèves qui lui avait signalé les faits. Elle a aussi déclaré avoir envoyé une lettre au ministère de l’Education. Après enquête, la police et l’Autorité nationale des toxicomanies ont annoncé que ses allégations n’étaient pas fondées.
L’Autorité nationale des toxicomanies s’insurge contre la présence de l’association scientologue qui a réussi à infiltrer la réunion du comité alors qu’elle n’est pas agréée en tant qu’organisme de lutte contre la drogue par ses services. Son directeur ajoute que l’association scientologue ne respecte pas les critères minimaux d’agrément et que ce groupe dissémine des informations incorrectes et sans fondement scientifique sur la drogue. Ce que confirme Stelios Sergides, le porte-parole d’Ykan une association reconnue de lutte contre la drogue.
Dans une déclaration écrite, le Comité synodal des cultes de l’Eglise de Chypre met en garde, lui aussi, contre la « Fondation pour un monde sans drogue », relevant ses liens avec la Scientologie. Selon les représentants de ce Comité, « la Scientologie fonctionne derrière différentes façades et avec diverses organisations dont les noms ne suscitent aucune suspicion ». Il évoque également une branche de la Scientologie, le centre Applied Scholastics, fermé il y a quelques années par les autorités, accusé d’avoir eu des activités illégales, d’avoir surveillé des personnalités politiques et ecclésiastiques du pays et d’avoir envoyé des données à des centres étrangers.
Installée à Chypre depuis 2014, la « Fondation pour un monde sans drogue » prétend n’avoir que des liens financiers avec la Scientologie. Elle déclare aussi avoir entrepris des démarches auprès des autorités pour être enregistrée en tant que programme de prévention de la toxicomanie.
La Fondation n’en est pas à sa première polémique. En 2018, suite à la distribution de ses brochures anti-drogue dans les écoles de Dublin, le ministère de l’Education irlandais, avait publié une circulaire afin de mieux guider les écoles dans le choix de leurs intervenants extérieurs.
(Sources : Cyprus Mail, 31.01.2019 & 01.02.2019)