Une enquête, menée par les journaux américains, Houston Chronicle et San Antonio Express-News, a mis en lumière un scandale d’abus sexuels au sein de la principale église évangélique du courant baptiste américain, la Southern Baptist Convention (SBC).
Les deux quotidiens ont enquêté au sein de ce mouvement qui comptabiliserait 47 000 églises indépendantes et environ 15 millions de membres, révélant un grand nombre de scandales sexuels dans la congrégation au cours des vingt dernières années. Environ 400 pasteurs, enseignants, diacres et bénévoles sont mis en cause par cette enquête qui devait permettre de pallier l’absence de registre des abus sexuels au sein du mouvement. Selon les journalistes, il y aurait plus de 700 victimes de ces abus. Ce chiffre pourrait être bien plus élevé du fait que certaines victimes n’auraient pas souhaité dénoncer d’éventuels abus ou que certains cas auraient été traités en interne. Plusieurs victimes affirment en effet avoir été réduites au silence et même ignorées par leurs églises.
Les journalistes pointent du doigt l’autonomie des églises de l’organisation qui n’intervient pas au niveau local. Aucun fichier ne recensait les pasteurs mis en cause alors que des victimes auraient proposé en 2007 qu’un registre soit mis en place pour empêcher de nouveaux abus. Cette initiative aurait permis de mieux suivre les personnes soupçonnées et de surveiller les églises dissimulant des abus.
Environ trente-cinq personnes suspectées d’abus sexuels ont ainsi pu changer d’église. Un pasteur soupçonné de comportements inappropriés envers des enfants en Alabama a pu exercer en Floride où il a agressé un garçon de 11 ans. Il a finalement été condamné en 2007. La SBC aide ses églises à vérifier les casiers judicaires des pasteurs mais cela ne porte que sur les condamnations et non sur les soupçons. Pour un responsable du mouvement, les églises connaissent parfois le passé des pasteurs mais ont une vision « horrible du pardon » impliquant de « donner une seconde chance à ces prédateurs ».
Suite à la divulgation de ce scandale, la SBC a annoncé qu’elle allait prendre des mesures pour lutter contre les abus sexuels et donner la parole aux victimes. De son côté, l’association de victimes de prêtres pédophiles, Survivors Network of those Abused by Priests (SNAP) a salué le travail remarquable des journalistes et souhaite désormais que la justice se saisisse du dossier. L’organisation appelle les victimes n’ayant pas encore témoigné à se manifester.
(Sources : La Croix, 12.02.2019 & Le Monde, 13.02.2019)