La Soka Gakkai et la critique

Témoignage

Membre de la Soka Gakkai (SG) pendant plus de 50 ans, Junya Yano a quitté le mouvement en 2008 après des difficultés longues et répétées qui l’ont conduit à porter plainte contre l’organisation.


J. Yano a été Secrétaire général du Nouveau Komeito de 1967 à 1986, puis Président de 1986 à 1989. Commentateur politique, il a écrit une série d’articles, publiés dans le journal Bugei Shunju entre 1993 et 1994, dans lesquels il dénonce certaines positions de la SG amalgamant politique et religion. La SG n’a pas admis d’être critiquée : elle a réagi en exerçant des pressions violentes sur J. Yano et sa famille, leur rendant la vie difficile durant 14 années.

En 1994, l’organisation contraint J. Yano à présenter des excuses et à rectifier les articles incriminés lors de leur prise en compte dans un livre qu’il est en train de terminer.

Il s’exécute et l’affaire semble close.

Mais en avril 2005, plus de 10 ans plus tard, J. Yano , toujours membre du mouvement, est convoqué et informé de la colère de la section jeunesse de la SG qui exige son expulsion ; on exige de lui une lettre d’excuses (texte pré-rédigé). Tenant compte de sa longue relation avec le mouvement, il s’exécute. La presse du mouvemement s’en fait l’écho.

Cependant, la section jeunesse ne désarme pas, exige une réunion avec J. Yano, au cours de laquelle des propos violents et des menaces sont proférés à son encontre. Les membres présents essayent de le forcer à arrêter son activité de commentateur politique. On exige de lui qu’il signe un texte préparé.

Le lendemain, trois anciens élus du Komeito se rendent, sans le prévenir, au domicile de J. Yano, le menacent et obtiennent de lui qu’il s’engage à leur donner ses carnets de notes. Plus tard, dans la nuit, ils retournent chez lui et lui confisquent non seulement ses carnets de notes mais aussi des documents personnels. Et, quelques jours plus tard encore, ils se rendent de nouveau au domicile de J. Yano et emmènent tout le reste des documents personnels (carnets et agendas).

Quelques jours plus tard, au cours d’un « entretien », plusieurs membres de la SG redisent à J. Yano la colère de la section jeunesse et l’incitent à faire un don de… 200 à 300 millions de Yen (entre 1,3 et 2 millions d’euros).

D’août à décembre 2005, la SG fait paraître des articles à répétition, diffamant J. Yano.

A partir de mai 2006 des caméras sont installées permettant de surveiller la maison de J. Yano, les membres de la famille sont fréquemment pris en filature et tous se sentent souvent en danger physique.

J. Yano dépose plainte contre X auprès de la police et demande une protection policière.

En décembre 2007, le tribunal local de Tokyo rejette la plainte, considérant qu’il a remis « librement » ses carnets de notes et autres documents.

Entre 2006 et 2008, la SG a maintenue sa pression sur J. Yano avec de nouveaux articles dans la presse du mouvement.

Début 2008, lors d’une conférence au club des correspondants de presse étrangers, J. Yano déclare à nouveau que dans son conflit avec la SG cette dernière a conduit des actions qui ne respectent ni sa personne ni ses droits de citoyen.

En mai de cette même année, il quitte le mouvement et intente un procès en dommages et intérêts contre la SG et sept de ses responsables : il considère que ces derniers ont exercé sur lui et sa famille des pressions pour qu’il abandonne son activité de commentateur politique.

Le tribunal local de Tokyo rejette à nouveau les arguments du plaignant. J. Yano fait appel et gagne en deuxième instance. Enfin, le 1er septembre 2009, la Cour de Cassation (Saikô Saibansho) prononce la non recevabilité du pourvoi engagé par la SG : le jugement en faveur de J. Yano est définitif.

La Soka Gakkai n’aime pas les critiques… même venant d’un adepte fidèle de longue date. Il aura fallu 15 longues années et beaucoup de ténacité pour qu’il retrouve son honneur et sa liberté d’action.