La secte Moon, toujours bien présente 

L’Église de l’unification, communément appelée Moon, dispose d’un centre principal à Cheongpyeong, à environ 60 kilomètres de Séoul. Le site abrite un imposant complexe palatial inauguré en 2006, comprenant un musée retraçant l’histoire des fondateurs, une salle exposant les noms des donateurs ayant financé la construction, et une salle de prière spéciale.

Les adeptes doivent réserver en ligne pour accéder au palais principal. Le complexe organise régulièrement des pèlerinages attirant des fidèles internationaux, notamment japonais. Lors des rassemblements d’automne sur plusieurs jours, les participants peuvent assister à des cérémonies diffusées également en ligne. Des activités récréatives sont proposées, et les adeptes se retrouvent dans une ambiance décrite comme joviale, sur les sentiers de méditation bordant le lac artificiel.

Le site comprend plusieurs infrastructures commerciales : un centre de cérémonies pour mariages collectifs, un restaurant proposant des menus à prix modéré, et un centre commercial vendant vêtements, bijoux et articles de luxe de la marque du groupe. Des produits certifiés comme objets sacrés sont proposés à la vente, allant de portraits des dirigeants à des services à thé. Les adeptes peuvent également acquérir ce qui est présenté comme de l’eau bénite aux propriétés curatives.

L’organisation possède un conglomérat présent dans de multiples secteurs économiques : automobile, tourisme, pharmacie, agroalimentaire, éducation et médias. Elle revendique trois millions d’adeptes mondiaux, dont 600 000 au Japon où elle compte le plus de membres. Des experts estiment toutefois le nombre réel d’adhérents sud-coréens à moins de 20 000 personnes.

Les témoignages recueillis auprès de membres montrent une forte dévotion envers les dirigeants du mouvement. Certains adhérents effectuent des visites mensuelles au complexe, d’autres y viennent pour la troisième fois depuis l’étranger. Les mariages entre membres sont pratiqués, parfois à un jeune âge. Les fidèles interrogés expriment un attachement à ce qu’ils considèrent comme un lieu sacré procurant du bonheur, tout en restant discrets sur leur appartenance face aux questions de l’extérieur.

L’organisation traverse actuellement une période difficile avec la détention provisoire de sa dirigeante en septembre 2025 dans le cadre d’enquêtes sur des allégations de corruption. Au Japon, un tribunal a ordonné début 2025 la dissolution juridique de la branche locale suite à des plaintes concernant des dons forcés et des accusations de manipulation mentale.  

(Source : Libération, 09.11.2025)

  • Auteur : Unadfi