La justice interdit à un père fondamentaliste baptiste d’enseigner ses croyances à ses enfants

La juge Kristen Mundstock, de la Cour provinciale de Chilliwack (Colombie Britanique), a décidé qu’un père baptiste fondamentaliste ne devrait pas avoir le droit d’élever ses enfants selon les principes d’une foi haineuse. Elle craint que les trois enfants âgés de deux, quatre et cinq ans – qui vivent actuellement avec leur mère – ne deviennent des parias sociaux s’ils adoptent les convictions extrêmes de leur père.

L’homme a reconnu devant le tribunal avoir des croyances haineuses mais déclare qu’elles sont basées sur la bonne foi et ajoute, « il y a certaines personnes que Dieu nous ordonne de haïr » comme les homosexuels qui devraient être mis à mort selon lui.

Ce cas met en lumière l’un des problèmes de la justice qui doit trouver un équilibre entre le respect de la liberté religieuse, le droit des parents et l’intérêt des enfants.

L’avocate Leena Yousefi, qui n’a pas plaidé dans cette affaire, explique que lorsque la religion occupe une place prépondérante dans une famille, les parents qui partagent les mêmes croyances sont libres d’élever leurs enfants comme ils le souhaitent. Mais dès lors que l’un des deux n’a pas les mêmes croyances que l’autre, les juges doivent considérer ce qui est dans le meilleur intérêt des enfants.

Dans cette affaire, les deux parents sont chrétiens et élevaient leurs enfants dans cette foi jusqu’à ce que le père commence à regarder les vidéos de Roger Jimenez et de Steven Anderson, et adhère aux croyances fondamentalistes des deux pasteurs américains, ouvertement homophobes, anti-avortement et antisémites. L’homme est membre d’une église baptiste qui partagerait, selon lui, la même idéologie que les deux pasteurs américains mais sans encourager la violence. Dans sa vision du monde les femmes doivent être soumises à l’autorité de leur mari et ne devraient pas enseigner au sein de l’Eglise. C’est la radicalité de ses idées qui a conduit le couple au divorce, la mère estimant qu’il est important que ses enfants soient bien intégrés dans la société.

Le père a demandé un droit de visite élargi ainsi que la possibilité d’élever ses enfants selon sa foi. Il a fait valoir que « la tentative de son ex-partenaire de limiter sa participation à l’éducation religieuse de ses enfants constituait une atteinte à son droit à la liberté de religion ». Mais la juge a rejeté ces arguments considérant que les croyances de leur père, diamétralement opposées à celles de leur mère, pourraient semer la confusion dans l’esprit des enfants et pourraient avoir un impact négatif sur leur vie sociale.

Dans sa décision, la juge a fait valoir que « les enfants sont vulnérables et incapables, à leur jeune âge, de discerner ce qui est vrai et ce qui est faux » et « de soupeser et d’équilibrer ce qui leur est enseigné par un parent plutôt que par l’autre sur des notions aussi avancées de moralité et de spiritualité ».

(Source : CBC.ca, 29.04.2020)

  • Auteur : Unadfi