Un navire scientologue croisant dans les eaux caribéennes de Sainte Lucie a été mis en quarantaine après qu’un cas de rougeole ait été détecté à bord. Renvoyés vers l’île de Curaçao, port d’attache du paquebot, la jeune femme contaminée et les 300 autres passagers du Freewinds ont pu finalement regagner la terre ferme au bout de plusieurs jours, une fois la période d’incubation terminée1.
Le navire battant pavillon panaméen est, selon le site scientologue, une « retraite religieuse » flottante. Autrefois, la Scientologie possédait une flotte de plusieurs navires, la Sea Org, dirigée par le fondateur Ron Hubbard. Les scientologues assimilent l’équipage, vêtu encore aujourd’hui de costumes de marin, à des moines et des nonnes. Mais selon Hugh Urban, auteur de L’Eglise de Scientologie : l’histoire d’une nouvelle religion, cette organisation nomade a surtout permis à Hubbard d’agir librement après qu’il a été expulsé d’Angleterre en 1968.
Le Freewinds a été acquis en 1985. Il est devenu un vaisseau amiral accueillant les plus hauts dirigeants de la Scientologie mais surtout le lieu privilégié de ceux qui viennent d’accéder au plus haut grade de la Scientologie. Les scientologues lui confèrent une dimension sacrée.
Depuis le début de cette décennie, les témoignages d’anciens adeptes sont venus ternir l’image prestigieuse de cette flotte. En 2011, une ex-adepte australienne a raconté comment ce qu’elle pensait être une croisière de deux semaines s’est transformé en une servitude qui dura 12 ans. Plus tard, Leah Remini, autre ancienne scientologue, a expliqué que les membres d’équipage du Freewinds étaient malmenés par les passagers du paquebot les plus prestigieux, y compris par David Miscavige, leader actuel de l’organisation, ou Tom Cruise. Elle pense que l’incident survenu à bord du Freewinds remet en cause les croyances scientologues prétendument dotés de pouvoirs surnaturels et à l’abri des maladies des wog (terme péjoratif désignant les non-scientologues).
La Scientologie a réclamé un droit de réponse2 concernant notamment les propos qu’elle estime gratuits tenus par Tony Ortega, ancien journaliste et expert de l’organisation : « Quand un scientologue attrape un rhume, il doit écrire une note pour dire quel ennemi de l’église l’a rendu malade. Il est forcément interrogé et puni, car dans la Scientologie, quand on tombe malade, c’est toujours de sa propre faute ».
La Scientologie n’a jamais publiquement dénoncé la vaccination même si elle s’oppose ouvertement depuis plusieurs années à la psychiatrie à travers les campagnes de la « Commission des citoyens pour les droits de l’homme » (CCDH).
(Sources : Le Parisien, 02.05.2019 & The Guardian et CNN, 03.05.2019 & 20 minutes, 04.05.2019)
1. Cette mesure de sécurité est justifiée par le fait que le virus de la rougeole est l’un des virus les plus contagieux au monde : une personne infectée peut contaminer jusqu’à vingt personnes non vaccinées.
2. Publié dans une mise à jour de l’article de 20 minutes datant du 24.05.2019