Le parquet de Lorient a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire en 2019 pour donner suite aux révélations d’une jeune femme membre des Témoins de Jéhovah qui accuse son père d’agressions sexuelles commises entre 1995 et 2008. Après la garde à vue de ses parents pendant 24 heures au début du mois de mai, elle a finalement déposé plainte pour « viols et agressions sexuelles incestueux, corruption de mineur, violence et maltraitance ».
La victime, n’avait que huit ans lorsque les faits ont débuté. Selon le parquet, l’enquête ne vise à ce jour que des personnes physiques liées à l’entourage familial de la jeune femme.
Selon sa plainte, elle aurait non seulement subi les viols répétés de son père, mais aurait aussi été contrainte par sa mère de « dormir avec lui », celle-ci la traitant de « coincée » lorsqu’elle se plaignait de son père.
Ce n’est qu’en 2012 qu’elle osera confier les faits à sa communauté qui organisera un « comité judiciaire » pour juger de la culpabilité de son père. Mais en l’absence de témoins des faits (les Témoins de Jéhovah exigent qu’il y en ait deux en plus des principaux protagonistes), rien n’a été fait contre son père. Si l’un des Anciens présents a conseillé un dépôt de plainte, « les autres ont dit que ça allait salir le nom de Jéhovah ». « Mes parents sont pleinement soutenus par la communauté, affirme la jeune femme. Si mes parents tombent, la communauté de Lorient tombe car il y a beaucoup trop de personnes qui sont au courant ».
Aujourd’hui âgée de 33 ans, elle évoque aussi des actes de maltraitance subis par les enfants que sa mère gardait lorsqu’elle était assistante maternelle. Depuis le dépôt de la plainte, l’agrément a été retiré à cette dernière.
Karine Shebabo, l’avocate de la victime, dénonce la loi du silence régnant au sein de la communauté et « souhaite lancer un « appel à témoins » pour retrouver des personnes que sa cliente aurait oubliées. »
(Sources : Ouest France, 07.05.2021, 20 Minutes, 23.05.2021)