Liée au mouvement international Hillsong, La Chapelle attire près de 1 500 jeunes montréalais. Le pasteur David Mirck leur promet de remplir la salle de spectacle, en rythme, de la présence de Jésus et de Dieu. Fondée en 2013 par David Pothier, ancien pasteur de l’Église évangélique Nouvelle Vie, associée au courant du christianisme non dénominationnel, la Chapelle a pris racine dans la capitale québécoise.
Hillary Kaell, professeure du département des religions de l’Université Concordia, compare La Chapelle au fast food Mac Donald’s : « Ils apposent leur marque et créent un environnement reproductible qui attire leur clientèle. »
Pour Frédéric Dejean, professeur au département de sciences des religions à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le rejet de la religion institutionnelle au sein du mouvement pentecôtiste, justifié dans une pirouette rhétorique, est la traduction d’un mode de fonctionnement bien spécial : « On propose une expérience, une rencontre avec Jésus. On associe la religion du côté de l’institution, de la bureaucratie et du désengagement de l’individu. C’est perçu négativement », explique-t-il. Pour preuve, aucune explication claire des croyances véhiculées n’est affichée sur le site de la Chapelle.
Frédéric Dejean précise que « lorsqu’on regarde le nombre de lieux de culte et les créations de lieux de culte, on remarque que c’est vraiment les communautés évangéliques qui sont en croissance » et non les musulmanes.
Pour les fidèles, c’est bien plus qu’une religion. « C’est une relation avec Dieu. Dans l’histoire, la religion a fait beaucoup de mal, […] des guerres, des atrocités commises au nom de la religion. On s’en éloigne parce qu’il y a un danger de s’égarer de la base, de la relation avec Dieu » clame l’un d’entre eux.
Le rite et la croyance laisse placent au spectacle et à la performance. « On met en avant un côté « branché ». Les gens sont toujours très beaux, très souriants. Il y a vraiment une esthétique », ajoute Frédéric Dejean. Les messages positifs délivrés par les pasteurs charismatiques ressemblent à s’y méprendre aux contenus entendus dans les conférences de développement personnel. On y trouve des messages d’espoir tels que « plus jamais seul » ou des solutions clé en main comme : « comment réagir à des situations incontrôlables ».
(Source : Le Devoir, 10.11.2018)
1. Courant théologique chrétien évangélique qui regroupe des églises ou associations qui ne sont pas formellement affiliées à un courant dénominationnel du baptisme ou du pentecôtisme. Les églises non dénominationnelles se reconnaissent du mouvement évangélique même si elles sont autonomes et n’ont pas d’autres étiquettes formelles. Le mouvement est particulièrement visible dans les megachurch (Wikipedia).
