L’école hôtelière liée à l’Opus Dei en accusation

C’est par le biais du droit social que l’Opus Dei comparaîtra les 22 et 23 septembre 2011 devant le tribunal correctionnel de Paris.


Une jeune femme, Catherine T., est à l’origine de la procédure. En 1985, à 14 ans, elle entre dans une école hôtelière privée, isolée dans la campagne, à Couvrelles, près de Soissons dans l’Aisne. Elle était censée y passer un CAP d’employée d’hôtel. Ses parents ignoraient alors que l’école appartenait à l’Opus Dei.

En 1987, Catherine raconte qu’on l’oblige à contracter des vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté . Elle devient alors « numéraire auxiliaire », c’est-à-dire « chargée des tâches domestiques ». Elle rentre dans un système dont il lui était interdit de parler à ses parents.

Elle accomplit son travail pendant 13 ans au sein d’organismes ou d’associations qui, selon son avocat, Me Bosselut, dépendaient exclusivement de l’Opus Dei ». En janvier 2001, lors du week-end familial annuel qui lui est accordé, ses parents la retrouvent dans un état physique inquiétant : à 29 ans, elle ne pèse plus que 39 kilos. La jeune femme avait été contrainte de travailler tous les jours de 7 heures à 21 heures, week-end compris, sans jamais prendre de vacances ni être valablement payée. Dans la plainte déposée fin 2001, son avocat dénonce « une manipulation mentale », des « conditions de travail abrutissantes » et une « situation de dépendance économique ».

A l’issue de neuf ans d’enquête, la directrice de l’école hôtelière, Claire de Ségonzac, et Agnès Duhail, fondée de pouvoir de l’Association de culture universitaire et technique (ACUT) [qui selon l’Opus Dei gère l’école hôtelière], sont poursuivies pour « rétribution contraire à la dignité ». L’ACUT, elle, qui ne reconnaît qu’un « lien spirituel » avec l’Opus Dei, est poursuivie en tant que personne morale. Thierry Laugier, l’avocat de l’ACUT « conteste » les accusations portées par Catherine.

En 2005, la juge d’instruction, Dominique Talancé, avait décelé au fil de son enquête que des opérations financières pouvaient laisser suggérer que l’Opus Dei cherchait « à dissimuler l’origine des fonds qu’elle détient ». Le parquet avait alors refusé que la juge « étende ses investigations à d’éventuels faits de blanchiment ».

Sources : AFP/L’Express, 28.06.2011 & Courrier Picard, 29.06.2011