Étude

Un rapport publié par le Centre international d’étude de la radicalisation (ICSR°) de Londres, organisme britannique spécialisé dans l’étude de la violence politique et de la radicalisation, consigne les témoignages de 58 anciens jihadistes britanniques. L’intérêt de cette étude serait de dissuader les prétendants au départ et inciter les actuels combattants à quitter les rangs de l’organisation Etat islamique.

Ces témoignages « font voler en éclats l’image d’unité et de détermination que le groupe État islamique (EI) chercher à transmettre ». Leur synthèse met en avant quatre griefs majeurs les ayant poussés à la désertion.

1- Ils ont observé sur place une violence extrême et des luttes intestines entre groupes armés rebelles et au sein d’EI. Le combat pour renverser le régime syrien est secondaire.
 

2- Les musulmans sont les premières victimes de Daesh. Les déserteurs dénoncent les atrocités commises par les jihadistes, y compris sur les femmes et les enfants
 

3- La dépravation qui règne sur place (traitements de faveur, racisme, corruption, injustices…) est bien loin des principes de l’islam.
 

4- Certains ont également été déçus par leurs conditions de vie. Eux qui pensaient être reçus en héros ont été accusés de « sabotage » et traités d’ « oppresseurs ». Ils ont réalisé que les étrangers étaient utilisés comme de la « chair à canon » ou cantonnés à des tâches subalternes.

Leur voyage en Syrie a mis fin aux illusions véhiculées par EI sur les réseaux sociaux. Le déclic qui les a conduits à repartir est le même que celui qui les a conduits à partir en Syrie : l’isolement.
 

Même si déserter reste difficile et dangereux, il semble qu’ils soient de plus en plus nombreux à quitter le groupe armé. Ils craignent les représailles même en dehors du territoire d’EI. Considérés comme « dangereux » par les pays d’accueil, ils risquent d’être poursuivis devant la justice. L’ICSR appelle à aplanir les obstacles auxquels ils sont confrontés, « aider à leur réinstallation » et « garantir la sécurité » des témoins potentiels..

(Source : Le Monde & L’Express & La Tribune de Genève, 22.09.2015)