Enquête sur un procès révélateur

Communauté des Béatitudes

Golias Magazine livre le récit intégral du procès de Pierre-Etienne Albert qui s’est déroulé à Rodez les 30 novembre et 1er décembre 2011. Ce dernier, ex-chantre de la Communauté des Béatitudes, était jugé pour des actes pédophiles.


Durant ces deux journées, les responsabilités des anciens fondateurs et dirigeants « de cette mouvance du Renouveau Charismatique » ainsi que celles de l’évêque référant, Mgr Carré, ont été dévoilées.

Les personnes présentes au procès apprendront ainsi que nul n’explique pourquoi la justice n’a pas fait son travail suite au dépôt d’une plainte en 2001. Une première procédure judiciaire aurait dû aboutir au procès de Pierre-Etienne pour 15 agressions sexuelles qu’il avait alors reconnues. Le magistrat instructeur se déclarera curieusement « incompétent territorialement » mais le parquet ne transmettra jamais le dossier. Le temps écoulé entre la plainte de 2001 et le procès de 2011 a joué en faveur de tous les anciens responsables des Béatitudes, parmi lesquels Gérard Croissant, Philippe Madre et Fernand Sanchez « qui auraient pu être reconnus coupables pour non-dénonciation de la pédophilie de Pierre-Etienne ».

Ce délai leur permet de bénéficier de la prescription de leurs actes.

Les témoignages de ces trois anciens responsables des Béatitudes, émaillés de « pieux mensonges », feront apparaître que leurs enfants respectifs ont tous été agressés sexuellement par Pierre-Etienne.

Malgré cela, ces responsables ont couvert les faits de pédophilie dont ils avaient eu connaissance. Les victimes présentes découvrent encore à l’occasion du témoignage de Philippe Madre que ce dernier est actuellement au cœur d’une procédure pour viol aggravé dont l’instruction se poursuit en ce moment même à la Roche-sur-Yon, où il réside et pratique la médecine.

Les victimes, traumatisées, défileront ensuite à la barre. Certaines parlent aujourd’hui de tentatives de suicide, de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), de solitude et d’anorexie…

Les sept plaidoiries des avocats s’enchaînent ensuite. L’un d’eux, Me Berger reviendra longuement sur la procédure d’Avranches, assénant que si l’institution judiciaire a failli, Muriel Gauthier, l’une des quatre irréductibles de Bonnecombe, a heureusement encouragé Pierre-Etienne Albert à se dénoncer à la justice. Le réquisitoire du procureur chargera lourdement l’accusé et il requerra la peine maximale de dix ans d’emprisonnement.

Le verdict tombera ensuite : cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

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Source : Golias Magazine, Jean-Baptiste Malet, novembre-décembre 2011