Documentaire : Wild wild country

Wild wild country, un documentaire en six épisodes de 60 minutes, diffusé depuis le 16 mars 2018 sur la chaîne Netflix, raconte les relations conflictuelles entre les habitants d’Antelope, une petite bourgade de l’Orégon, et les fidèles d’Osho nouvellement installés dans l’ashram de Rajneeshpuram.

Se basant sur des images d’archives et les interviews des protagonistes de l’époque, construit comme une véritable intrigue, ce documentaire retrace l’hostilité grandissante et l’escalade de violence entre deux camps que tout oppose, prêts à tout pour faire déguerpir l’autre.

Quelques figures charismatiques sortent du lot, en particulier Ma Anande Sheela, la secrétaire particulière d’Osho. Entrée adolescente dans le groupe, elle évince la précédente secrétaire du gourou et le convainc d’étendre son influence aux États-Unis. C’est chose faite en 1981 avec l’achat d’un ranch en Oregon qu’elle transformera en ashram.

L’arrivée d’un grand nombre d’adeptes effraie les habitants d’une ville sur le déclin ne comptant plus que 40 personnes qui iront jusqu’à prendre les armes pour les chasser.

De son côté, Osho avec l’aide de Ma Sheela, n’est pas en reste. Intriguant lors d’élections municipales pour prendre le pouvoir sur la ville en recrutant des sans-abris pour les faire voter Ma Sheela fera bien pire par la suite : complots pour meurtre, empoisonnement et mise sur pied du plus important attentat bio-terroriste ayant eu lieu sur le territoire américain. Ma Anande Sheela était prête à tout pour avoir le pouvoir sur la région. Aussi pour remporter les élections de 1984 du comté de Wasco, des adeptes d’Osho avaient placé des salmonelles dans dix restaurants de la ville de The Dalles pour empêcher ses habitants de voter. Plus de 750 personnes ont été contaminées. Arrêtée en 1985, elle fut condamnée à 24 ans de prison et 470 000 dollars d’amende, mais fut relâchée deux ans plus tard pour bonne conduite.

Donnant la parole aux deux camps, les auteurs Chapman et MacLain Way, ne prennent parti pour aucun d’eux et laissent le spectateur se construire sa propre opinion. Wild wild country rappelle une part sombre de l’histoire américaine, celle de l’hostilité entre les américains et les immigrants, mais ne manque pas non plus de décortiquer les mécanismes de l’endoctrinement sectaire, l’avidité de pouvoir et la cupidité du gourou aux 91 Rolls Royce.

(Source : Le Devoir, 10.03.2018)

Wild wild country, réalisé par Chapman et MacLain Way et produit par, Mark et Jay Duplass, Netflix, 2018.