Dissonance cognitive ou dangereuse mégalomanie ?

En 2006, le film « Le Secret » a catapulté James Arthur Ray, gourou New age américain, parmi les auteurs le plus populaires de livres de développement personnel et lui a valu d’être invité plusieurs fois dans l’émission d’Oprah Winfrey. Dynamique, charismatique, il attirait les foules lors de ses séminaires dont le prix pouvait atteindre plus de 9 000 dollars pour cinq jours. Des couples ont payé jusqu’à 100 000 dollars pour avoir une consultation individuelle.

C’est lors de l’un de ces séminaires, dont le but était d’inciter les participants à dépasser leurs limites, qu’en 2009 trois d’entre eux sont morts de chaud dans une hutte à sudation et que 18 autres ont été hospitalisés.
Jugé et reconnu coupable d’homicide par négligence, il a été condamné à deux ans de prison. Jenny Carcheman, auteure d’un documentaire pour CNN raconte le retour du gourou dans le business du développement personnel, trois ans après sa sortie de prison. Se demandant pourquoi des personnes en quête d’amélioration personnelle ont pu en arriver à la mort, elle a visionné les DVD du gourou, rencontré des ex-adeptes et James Arthur Ray.

Depuis son emprisonnement, le gourou a perdu de sa superbe et son train de vie a considérablement diminué. Beaucoup plus discret dans les médias, il s’est spécialisé dans le coaching en ligne.
Interrogé par le journal People, il affirme que son « travail » au moment des faits n’a pas été remis en cause par la justice, c’était un accident. Pire, il explique qu’après une période difficile, il a repris pied et a décidé d’utiliser les leçons qu’il avait tiré de cet événement tragique pour améliorer la vie des gens qu’il est « béni de servir ». Les conclusions de James Arthur Ray sur l’issue tragique de son séminaire sont des plus étonnantes : « cela devait arriver car c’était la seule façon pour moi de grandir […] et j’ai choisi de le voir comme un test de caractère ». « Je n’ignore pas ce qui s’est passé, tout au contraire, je l’utilise pour aider chacun à être le meilleur qu’il puisse être ». Il ajoute « je suis là où je dois être, ma carrière n’est pas une carrière, mais un appel. Je n’ai jamais aspiré à être un gourou en développement personnel, je me vois comme un catalyseur pour aider les gens à arrêter de rêver et commencer d’agir ».

En ce qui concerne les victimes, il explique qu’il prend l’entière responsabilité de l’accident, mais ne remet pas en question les exercices qu’il a conçus. Pour lui, les trois morts, ne sont pas des victimes, mais des héros qui se sont engagés totalement pour faire plus, être plus et devenir plus…

(Source : People.com, 02.12.2016)

1 – Lire sur le site de l’UNADFI, La dissonance cognitive : https://www.unadfi.org/cles-pour-comprendre/emprise-mentale-et-vulnerabilite/la-dissonance-cognitive