Des fidèles devenus esclaves

Un raid des autorités brésiliennes a permis de retrouver 79 adeptes d’Igreja Adventista Remanescente De Laodiceia vivant dans des conditions de quasi-esclavage. Découverts dans une ferme gérée par une église adventiste, près de Brasilia, 300 adeptes travailleraient dans des conditions dangereuses pour peu ou pas de salaire.


Depuis les années 1960, la région de Brasilia attire un grand nombre d’organisations sectaires. Le plateau sur lequel se trouve la ville serait prétendument doté de cristaux visibles depuis l’espace. Les adeptes travaillent pour le groupe et pensent travailler pour leur salut spirituel, convaincus que l’apocalypse est proche et qu’ils pourront être sauvés en restant dans l’organisation.

À la demande du procureur du district fédéral, le juge fédéral Ricardo Leite a émis des mandats de perquisition et ordonné des saisies. Pour Rodrigo Ramos, inspecteur du travail présent lors du raid, les dirigeants du mouvement s’enrichissaient du travail accompli par les fidèles qui fabriquaient et vendaient du pain, des livres et des draps. Ils devaient payer 10 dollars par jour en contrepartie de la vie dans la communauté. Leur nourriture et leurs vêtements devaient aussi être achetés à l’intérieur de l’organisation. Plusieurs pièces à conviction ont pu être saisies, notamment des feuilles de calculs de dépenses et de dettes des fidèles.

La police qui enquêtait sur l’affaire a pu constater que les conditions dans lesquelles les travailleurs exerçaient leur activité mettaient leur vie en danger : les machines et conditions de travail ne respectaient pas les normes en vigueur dans le pays, les travailleurs utilisaient des pesticides dangereux et dormaient dans des conditions précaires.

Les autorités ont pris la décision de fermer l’ensemble des ateliers et des entreprises commerciales mais ils ne purent évacuer le groupe établi sur une propriété privée.

Selon Rodrigo Ramos, inspecteur du travail présent lors du raid, les dirigeants du mouvement devraient être poursuivis pour avoir soumis des personnes à l’esclavage. Un porte-parole du bureau du procureur fédéral a déclaré que cette intervention ne s’attaquait pas aux croyances des adeptes mais qu’il était du devoir de l’État de garantir les droits fondamentaux des travailleurs.

(Source : The Independent, 06.03.2019 & O Tempo, 09.03.2019)