Le président kényan William Ruto, fervent chrétien évangélique, a récemment fait don de plus de 280 000 € à plusieurs églises évangéliques. Un geste qui suscite de vives réactions dans un contexte politique encore marqué par la répression sanglante de manifestations antigouvernementales en 2024.

Selon la présidence, ces contributions proviendraient de la fortune personnelle du chef de l’État. Mais de nombreux Kényans en doutent et parlent d’une possible instrumentalisation de la religion à des fins politiques, voire un risque de blanchiment d’argent. 

Parmi les dons les plus notables figure celui de près de 143 000 € à l’église Jésus Winner Ministry de Nairobi. Le 9 mars, des manifestants se sont rassemblés devant ce lieu de culte pour dénoncer le lien croissant entre foi et politique. La « générosité » présidentielle passe d’autant moins que le pays est confronté à des difficultés économiques persistantes. 

Ironie du calendrier : élu en 2022 sur des promesses de transparence, il y a moins d’un an, William Ruto interdisait aux fonctionnaires de financer les églises, qualifiant cette pratique de « source de corruption ». 

Pour le révérend Timothy Njoya, figure emblématique du clergé de Nairobi, ces pratiques ont transformé les églises en véritables « cimetières de la spiritualité ». Le Conseil national des Églises du Kenya a d’ailleurs interdit aux politiciens de s’adresser aux fidèles depuis les chaires ou d’y annoncer publiquement des dons. 

Dans ce climat tendu, l’avocate Faith Odhiambo, présidente du barreau kényan et figure des manifestations antigouvernementales de 2024, s’alarme d’un possible retour de la tyrannie. « L’État de droit est en péril », affirme-t-elle. 

(Source : Regards protestants, 02.04.2025) 

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